Ecrit le 2 décembre 2009
L’énergie qu’on ne consomme pas
Dans le cadre du prochain sommet de Copenhague, sur le Changement Climatique, les Chambres d’agriculture entendent souligner la part prise par les agriculteurs dans la lutte contre le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre ; tout en rappelant les mesures engagées en matière d’économie d’énergie fossile, d’efficacité énergétique et de production d’énergies renouvelables sur leurs exploitations.

Après la visite de la ferme expérimentale de Derval, c’est l’exploitation de Céline et Yves Frédoueil à Treffieux qui a servi d’illustration. Une ferme toute récente, construite selon les principes de l’économie énergétique, dans sa structure comme dans son fonctionnement quotidien, et avec le souci de l’autonomie alimentaire en agriculture biologique (production laitière).
Le jeune couple était installé naguère dans des bâtiments anciens, mal éclairés, tout près de l’église de Treffieux. Souvent il devait emprunter la route nationale pour aller mener les vaches aux champs, route d’Abbaretz. dépense de temps et d’énergie. Après mûre réflexion, après avoir visité des exploitations modernes, Céline et Yves ont décidé de construire un bâtiment neuf et fonctionnel.
Bois et paille
Tout en bois, sur socle de parpaings, le bâtiment a utilisé des ressources locales (notamment la scierie Bourdaud). « Le bois est agréable, chaud, aéré, sain et nous constatons moins de diarrhées des veaux ». L’isolation est faite en paille (saupoudrée de chaux pour éviter les rongeurs) et le bâtiment a été conçu avec une grande pièce attenante à l’étable, qui peut servir de bureau mais aussi de salle de jeux pour les enfants du couple, voire de salle d’accueil pour les fêtes de famille.
Une verrière au-dessus de l’étable de 63 places assure l’éclairage du jour. Pour le soir, 9 néons ont été installés avec possibilité d’en allumer 4 ou 5 selon les cas. « Quand nous avons besoin d’un éclairage plus précis, par exemple pour une opération vétérinaire, nous utilisons une baladeuse » dit Yves Frédoueil.
Puits artésien et récupération des eaux
L’étable est en réalité une stabulation couverte, où les vaches ne sont pas attachées. « d’ailleurs nous avons constaté que, souvent, elles viennent pour manger et pour la traite, et ensuite elles préfèrent souvent coucher dehors ». Le sol de l’étable est en terre battue, recouverte de paille, celle-ci est rechargée tous les jours et vidée à fond trois fois par an. Ce système diminue la production d’effluents liquides. « Nous n’avons pas de racleuse électrique, nous utilisons la fourche du tracteur. Cette paille sert à faire du compost pour mettre dans les champs ».

Un puits, creusé sur place, donne l’eau nécessaire à l’exploitation, par un système de puits artésien. L’eau de lavage des tuyaux de la salle de traite est récupérée dans une fosse de 3000 litres, décantée et épurée, pour être utilisée ultérieurement pour laver les quais. « Tout est fait pour gagner de l’énergie en ne la consommant pas » dit Céline.
La ferme est en production laitière bio, le lait étant fourni à Lactalis. « Nous subissons la crise laitière, un peu moins que les autres peut-être, mais tout de même 15 € de moins les 1000 litres, par rapport à l’an dernier et pourtant la France manque de lait bio. Quand on fait un effort pour l’environnement, on aimerait en être récompensés ! ».
Bio, les vaches sont nourries de maîs ensilage, de luzerne et de foin enrubanné.
55 vaches laitières, 40 bœufs, 275 000 litres de lait sur 87 ha dont 75 ha de prairies, 9 ha de maïs et 3 ha de mélange céréalier. Bonne intégration paysagère du bâtiment, confort de l’éleveur et des animaux : Céline et Yves Frédoueil sont contents de leur installation, réalisée pour un prix raisonnable : 263 000 € HT (dont 20 000 € de branchements électriques !).