Ecrit le 7 juin 2010
27 juin 2010 : commémoration du 66e anniversaire de l’attaque du maquis de Saffré. Les enfants ont évoqué l’événement, à leur façon, émouvante. Le préfet a même fait référence au programme du Conseil National de la Résistance et puis Jocelyne Poulin, maire, a donné une vision actuelle de ce drame. Citations !
Qui voudrait vivre ...
Pour que cette cérémonie qui commémore chaque année depuis 66 ans le courage et le sacrifice des maquisards de la forêt de Saffré soit toujours aussi marquante et aussi respectable, il faut aussi notre fidélité sans faille
C’était en 1944, dans un pays affaibli par quatre années d’une occupation insupportable. Il fallait de la clairvoyance, de l’espoir et du courage pour oser se lever contre l’armée nazie et ses collabos. Pourtant, des centaines de jeunes patriotes de nos bourgs et de nos villages ont su prendre la route de l’avenir au péril de leur vie.
Aujourd’hui, les problèmes ne sont plus les mêmes. Les conflits, les guerres, les drames et les angoisses qu’ils suscitent ont changé de cadre, de continent, de formes aussi, mais comment ignorer que 66 ans après le drame de Saffré, après l’ouverture des premiers camps, après la naissance de l’ONU, des hommes et des femmes connaissent les mêmes inquiétudes et les même horreurs au Proche-Orient, au Darfour, dans le Caucase et en tant d’autres points du monde.
Qui parmi nous voudrait vivre en Tchétchénie, dans la banlieue de Mogadiscio ou encore à Gaza, là où des populations exsangues et désespérées attendent l’aide internationale pour survivre ? Mais il est des armées pour lesquelles même les vieux rafiots porteurs de vivres, d’espoir et de médicaments, sont des ennemis.
Qui parmi nous voudrait vivre dans certains quartiers surpeuplés de Bagdad, dans les immeubles en ruines de Grozny, dans les maisons ou dans les écoles d’Afghanistan, là où les fillettes sont assassinées simplement parce qu’elles veulent apprendre à lire et à écrire, comme tous les enfants du monde ?
Et qui accepterait d’aller vivre dans certains bidonvilles des pays les plus pauvres d’Afrique, là où des enfants-soldats font la loi dans la rue et manipulent la Kalachnikov comme nos enfants utilisent leurs play-stations ?
Pour ce monde-là ...
Il y a vingt ans, lorsque le Mur de Berlin est tombé, l’émotion était grande. Enfin ! Plus jamais ça ! Plus de murs entre les hommes, plus jamais ! hélas, en une seule génération, la réalité nous a rattrapés et d’autres murs ont séparé les hommes, à la frontière du Mexique, en Palestine, et partout ailleurs où les murs de l’argent parquent les plus démunis dans des ghettos d’inquiétude et de misère.
– Est-ce pour ce monde-là que nos maquisards sont morts ?
– Est-ce pour ce monde-là que des millions de jeunes ont donné leur vie il y a soixante-cinq ou soixante-dix ans dans un combat titanesque contre les forces du mal ?
Comme à chaque époque, nous devons faire confiance aux hommes, à la clairvoyance, au courage, à l’intelligence. Tant de nouveaux chantiers s’ouvrent chaque jour devant nous, pour une planète pacifiée, pour une société plus juste, pour un droit international partagé, équitable et respectable, pour une planète plus propre, une planète que nous devrons laisser à nos enfants avec des ressources alors que notre génération en a déjà usé une grande partie.
Ici, chez nous, dans nos villages, hier on demandait à nos paysans de produire toujours plus, quelle que soit la manière, car il y a tant de millions d’hommes à nourrir, et aujourd’hui on leur reprocherait presque d’avoir pollué à eux seuls les terres et les eaux douces alors que la responsabilité est celle de tous, et d’abord celle de ceux qui ont poussé à de telles débauches pour gonfler chaque jour un peu plus leurs parachutes dorés.
Non, nos maquisards n’ont pas donné leur vie pour un monde de violences et d’inégalités, ils n’ont pas donné leur vie pour que soient construits des murs entre les hommes. Plus modestement, dans un geste de sacrifice simple et modeste, brave, ils ont lutté pour un monde débarrassé de la haine et de la guerre, pour un monde dans lequel chacun pourra trouver sa place. Nul n’est étranger sur terre. Ensemble, oeuvrons pour bâtir ce monde plus juste, plus solidaire. Alors nous serons dignes du sacrifice de nos aînés.
Maire de Saffré et
présidente du Comité du Souvenir
Ecrit le 7 juillet 2010
J’en appelle à la résistance à l’oppression
« L’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements ».
c’est dans ces mots, inscrits en tête de notre Constitution, lancés au monde le 26 août 1789, que s’enracine la raison de la République. Un siècle et demi plus tard, à Paris, en 1948 les nations assemblées proclamaient que « la méconnaissance et le mépris des droits de l’Homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité ». c’est bien à la conscience qu’il faut en appeler, celle de l’humanité, celle de la nation.
qu’en est-il dans le monde, de l’égalité en dignité de tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables, du droit à la nationalité, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, du droit à un niveau de vie suffisant ?
qu’en est-il ici des droits que nous avons proclamés depuis plus de deux siècles ? Non, nous ne vivons pas dans le meilleur des mondes possibles quand des peuples entiers sont emprisonnés, fut-ce à ciel ouvert, quand des milliards d’hommes, de femmes, d’enfants crèvent de faim, de misère ou de maladie, quand des dizaines de millions de personnes déplacées errent sans rien d’autre que des pierres pour poser leur tête, que dix millions croupissent au fond des cachots. Combien, au moment où je parle, hurlent sous la torture ! Combien attendent la mort dans d’infâmes couloirs ?
Faut-il donc nous satisfaire de nous-mêmes, contempler la misère du monde en refusant de l’accueillir, rejeter aux portes de nos villes dans de véritables ghettos une jeunesse à laquelle on est incapable d’apporter l’éducation et la culture ? Faut-il se résigner au chômage, au mal logement, accepter que le rejet des différences, la répression, la restriction des libertés soit seuls donnés en réponse au mal-être social ? Faut-il que nous acceptions d’être vaincus non par la « force mécanique de l’ennemi » mais par la loi des marchés, au nom de l’inégalité qu’ils revendiquent et du droit de propriété prépondérant ? « L’espérance doit-elle disparaitre, la défaite est-elle définitive ? Non ! ».
Il nous reste un droit, naturel et imprescriptible de l’Homme : j’en appelle à « la résistance à l’oppression »
pour le 70e anniversaire de l’appel du 18 juin