Ecrit le 19 janvier 2011
Une histoire de courage
Voici une histoire qui se passe à Châteaubriant, une histoire comme beaucoup d’autres sans doute, souvent cachées
Anne-Marie a 42 ans, elle est maman de deux enfants de 18 ans et 5 ans. Elle vit seule car le papa est décédé en 2008 après 5 ans de maladie. Seule avec un loyer à payer et un maigre revenu : le RSA (revenu social d’activité). Une petite chance pour elle cependant : une petite maison à Châteaubriant, très éloignée de la rue (accès impossible à une voiture). Elle compte l’aménager pour s’y installer.
Les travaux ont commencé en 2004 : depuis la tempête de 1999 la maison était simplement couverte d’une bâche. Une petite maison ? Oh oui, 3 m sur 13 m au sol. Changement de toiture, décaissement du terrain, adduction d’eau potable : pour cela elle a fait appel à des entreprises et souscrit un petit emprunt qui a servi pour les travaux de gros œuvre effectués. Mais la maladie du papa a suspendu les travaux. « Je n’ai pu les reprendre qu’en 2008, j’ai pu travailler ensuite et obtenir des indemnités Assedic, mais depuis décembre 2010 je n’ai que le RSA » explique Anne Marie (prénom d’emprunt).
c’est donc courageusement, par ses propres moyens (sauf pour la plomberie), qu’Anne-Marie réalise les travaux : isolation sous les combles, changement des sols, décapage des poutres, enduits divers et variés.
« J’ai même fait une trémie pour faire passer l’escalier d’accès à l’étage. Quelqu’un avait promis de l’aide. En fait j’ai tout réalisé toute seule, montant à l’échelle, maniant la scie circulaire, coupant les poutres, consolidant le tout. J’étais contente de moi. Mais les pompiers ont dû me ramasser quelques temps plus tard sur le bord d’une route : j’étais épuisée. Je sais maintenant qu’il faut que j’écoute mon corps, que je travaille par petites touches ».
Mais le temps presse : « je suis actuellement en location. Mon bail se termine en mars 2011, je ne peux pas continuer à payer des impôts, et un abonnement EDF, et des assurances sur la location et sur la maison. Il faut que je quitte la location » dit-elle.
Anne-Marie a fait les enduits intérieurs avec chaux et chanvre ; et des plaques en bois OSB au grenier ; elle a refait le plancher de la future chambre de sa fille, fabriqué son lit en bois, réalisé des rideaux. « Je suis d’un tempérament optimiste. Les travaux avancent bien, il faudrait que je sois hors poussières pour que la maison soit habitable. Une installation d’eau chaude ne serait pas négligeable » dit Anne-Marie qui a encore besoin de poser des fenêtres et d’installer des toilettes sèches. « Heureusement quelques personnes viennent me donner un coup de main désintéressé et, de fait, on avance plus vite à deux, et le moral est meilleur ».
Besoin de coups de main
Mais mars 2011, c’est dans un mois et demi ! Qui viendra l’épauler un peu ? « On me dit de ne pas m’obstiner, de revendre cette maison. Mais qui voudrait d’une petite maison pas finie, sans guère de possibilités d’extension ? Le prix que je pourrais la vendre ne me permettrait pas de rebondir ». Dans le temps où elle n’était pas seule, Anne-Marie avait pris contact avec des entreprises. « Mais un si petit chantier ne les intéressait pas ».
Plus tard, Anne Marie songera à construire un cube de bois pour disposer de plus de place. Dans l’immédiat, elle a besoin de coups de mains, besoin d’être accompagnée (avec joie) dans son petit bout de vie, dans cette auto-rénovation. Une chaine de solidarité pourra-t-elle se mettre en place pour aider quelqu’un qui fait tant d’efforts de son côté ? « J’ai besoin de bras », dit-elle, en comptant pour cela, notamment, sur le SEL (système d’échange local) qui se met en place à Châteaubriant : « ce système me permettrait de »rendre« les coups de main qui m’ont été donnés. c’est difficile de toujours demander »
« Comme vous l’aurez compris je ne peux pas rémunérer des gentils contributeurs... que puis-je vous dire... qu’il ne fait pas froid (chauffage d’appoint ok), que l’on pourra manger ensemble (repas que j’aurai plaisir à vous proposer), que l’on peut faire des échanges dans le cadre d’un SEL, que l’ambiance sera ’bon enfant’.... et que je vous remercie ».
Tout faire
Et, quand ce sera fini, Anne-Marie reprendra la culture de son jardin et toutes les animations qu’elle propose : elle est la pro des confitures maison, des bons petits plats. Intéressée par le faire-soi même (Ã part le ménage). Elle sait faire une table basse en papier compressé, des armoires en carton, des animations-jardin, avec des enfants, etc. Elle suit actuellement une formation jusqu’Ã juin 2012 avec l’espoir de pouvoir vivre de son travail à partir de cette date.
Retrouvez-la ici :
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