Ecrit le 29 novembre 2017
Jeudi 23 novembre 2017, il y avait urgence au Pôle de Santé de Choisel : au Centre Hospitalier et à la Clinique Sainte Marie, le personnel était dans la rue, y compris des salariés qui, habituellement, ne font ni manifestation ni grève. C’est que, d’un côté comme de l’autre, le personnel est en souffrance. On le dit, on le répète, mais ça ne change rien.
Urgence à l’hôpital
Au Centre Hospitalier Châteaubriant-Pouancé-Nozay, est-ce bien raisonnable de confier 107 résidents la nuit à deux soignants ? Est-ce bien raisonnable de ne pouvoir donner une douche aux résidents que tous les 15 jours-trois semaines ? Est-ce vivre décemment que de se voir imposer un rythme de repas accéléré faute d’un nombre suffisant de soignants ? Est-ce normal de demander aux familles de faire l’entretien de la chambre pour pallier le manque de personnel ? Vis-à-vis des malades, c’est de la maltraitance institutionnelle.
Le personnel n’en peut plus. Moralement car il sait bien qu’il ne peut apporter aux malades et aux résidents âgés toute l’attention qu’ils voudraient. Physiquement aussi car les compteurs d’heures de présence explosent, les jours rappelés ne sont plus rendus, les heures complémentaires ne sont pas souvent validées, les embauches se font rares. A l’occasion de l’inauguration de l’IRM, le 23 novembre, le personnel a ré-alerté le Directeur, la Directrice des ressources humaines, la Directrice des soins infirmiers, les élus locaux et le Directeur de l’ARS (Agence Régionale de Santé) qui a promis d’accorder un rendez-vous.
- Conseil Général, ARS à l’aide !
La CFDT rappelle aussi que l’ARS a obligé l’hôpital de Châteaubriant à racheter l’ancienne clinique Sainte Marie. « Cela nous coûte 120 000 € par an en entretien et imposition. Combien de postes sont alors sacrifiés ? Ce gaspillage de l’argent du contribuable, depuis maintes années, aurait pu être investi dans l’amélioration des conditions de vie dans les EHPAD »
Urgence à la clinique
La Clinique Sainte Marie, selon la présentation par sa maison-mère, le groupe Vivalto-santé, c’est 27 praticiens et 93 salariés (il y en avait 123 en 2012 !) et 64 % de progression du nombre de séjours (sur une durée non indiquée). « nous sommes à votre service et nous vous assurons de notre entier dévouement pour rendre votre séjour plus agréable », mais le personnel se plaint de n’avoir pas été augmenté depuis 5 ans. Alors, quand il a appris que les cadres, eux, avaient obtenu une prime de 3000 € environ, ce fut le coup de colère, la grève illimitée, avec une revendication : 300 € par an pour chaque salarié. Stupéfaction de la Direction qui a osé menacer de déplacer les malades vers une autre clinique, si le personnel ne reprenait pas le travail. Mais malgré les SMS et coups de téléphone individuels, le personnel a tenu le coup …. et a obtenu 150 € de prime d’assiduité par salarié en 2018 avec promesse du double pour 2019. La clinique aurait besoin de meilleures conditions de travail. « Nous avons changé de Direction trois fois en moins d’un an. C’est épuisant pour le personnel » et les démissions se multiplient : cinq en cinq mois au bloc opératoire. Les salariés s’inquiètent : « Que veut Vivalto au sujet de la Clinique ? Quel est notre avenir ? »
- Des drapeaux syndicaux pendant les discours officiels
Le centre hospitalier d’un côté, avec des drapeaux CFDT – la clinique à proximité avec des drapeaux Force Ouvrière : les autorités venant inaugurer l’IRM ont été bien accueillies. Les grévistes se sont ensuite rendus dans la salle, pour l’inauguration officielle, agrémentant les locaux de leurs drapeaux syndicaux.
Urgence à l’IRM
L’établissement Châteaubriant-Pouancé -Nozay a été créé le 1er janvier 2014 en lieu et place des trois établissements implantés sur les communes citées. Il a des activités sanitaires (environ 115 lits et places MCO, 120 lits et places SSR, 66 lits USLD) et médico-sociales (463 lits EHPAD et 10 places accueil de jour). Le centre hospitalier est donc un des principaux acteurs du nord-est du département et il dessert la population même hors département compte tenu de sa position limitrophe (44, 49, 35, 53) à distance des CHU de Nantes, Rennes et Angers.
Un IRM (Imagerie par Résonnance Magnétique) est opérationnel sur le site de Châteaubriant, complétant ainsi l’offre d’imagerie après la radiologie conventionnelle et le scanner (autorisation détenue par les libéraux).
Afin de placer au mieux l’équipement, l’établissement a réhabilité une partie des locaux entre les urgences et le scanner, à proximité également de la radiologie conventionnelle. L’opération a coûté 600 000 € de travaux et 1 000 000 € d’équipement. Une subvention de l’ARS à hauteur de 650 000 € a contribué significativement au financement de l’opération. L’autorisation d’installation de l’équipement IRM a été délivrée le 17 juin 2016. L’opération de travaux a été menée de mai à octobre 2017. Les examens d’IRM ont commencé le 02 novembre 2017.
Le temps médical assurant les vacations d’IRM est mis à disposition pour le CHU pour 80% du temps médical global sur l’IRM, le reste des vacations est couvert par les libéraux de la société d’imagerie de Béré qui interviennent déjà pour la radiologie conventionnelle et le scanner.
Grâce à la coopération mise en œuvre dans le cadre du GHT, le Centre Hospitalier de Châteaubriant bénéficie, outre les vacations de radiologie générale, de vacations de radiologie spécialisée en neuro-radiologie et cardio-radiologie.
L’activité de l’IRM est principalement dédiée à l’activité externe bien que des plages d’urgences aient été identifiées pour les patients de services de médecine et les patients arrivant aux urgences nécessitant un examen très rapidement. Et c’est justement une urgence qui, le 23 novembre, a empêché les autorités d’aller visiter l’équipement.
A ce jour, l’IRM enregistre une forte demande ; le délai de rendez-vous est fixé, après 15 jours d’ouverture, à 6 semaines, soit début janvier.
- L’IRM de Châteaubriant (photo C.P.)
Au vu des difficultés du personnel, le maire de Châteaubriant a mis en cause le gouvernement et le député Yves Daniel. Celui-ci n’a pas eu droit de prendre la parole. « Si j’avais pu parler, j’aurais reconnu l’excellent travail fait par les partenaires qui, dans le cadre du Groupement Hospitalier de Territoire, ont pu obtenir l’installation de cet équipement. J’aurais rappelé l’engagement des hôpitaux urbains, CHU de Nantes et Angers, en soutien au monde rural » - « Je pense que notre société moderne fabrique du mal-être, qui entraîne des problèmes de santé, et sans cesse une augmentation des dépenses de santé et nous nous obstinons à traiter les conséquences de ce mal-être sans remédier aux causes. Actuellement le personnel hospitalier est à bout, trop de pression, trop de fatigue. Pour une meilleure santé de la population, il nous faut du personnel en bonne santé. C’est ce que j’ai dit, récemment, au Premier Ministre qui m’a dit en être conscient »