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Ecrit 6 juin 2018
Dans le cadre de l’exposition Lumières, de Ar Muse, les résidents de la Maison de Retraite des Fontenelles, à St Vincent des Landes, ont réveillé leurs souvenirs et produit un texte impeccable, sans aucune faute d’orthographe. Bravo, cela devient rare à notre époque. Les papies et mamies racontent :
Autrefois, il y avait la lumière du jour qui rythmait le travail des champs. Dans nos campagnes, on marchait à l’heure solaire, on se levait et on se couchait avec le soleil. Mais en rentrant à la maison il existait différents dispositifs pour y voir plus ou moins clair.
Le feu de la cheminée donnait de la chaleur et ses flammes éclairaient la pièce. C’était la première chose qu’on faisait en se levant : allumer le feu.
La bougie, on s’en servait beaucoup. On prenait la bougie pour aller se coucher, il fallait faire très attention à ne pas se brûler ou mettre le feu à la literie.
On faisait les devoirs à la bougie. Maintenant les bougies sont faites pour le décor, pour parfumer mais on est encore heureux de les trouver quand il y a panne d’électricité.
Dans les églises, il y avait des cierges, grand et gros comme le cierge pascal. Les cierges de notre communion, nous les rapportions à la maison. Il y avait, il y a toujours, les cierges que l’on faisait brûler à l’église pour une intention particulière, par exemple devant Sainte Rita, à l’église de Béré. [On dit qu’elle est souveraine pour les causes désespérées.]
Pendant la guerre, nous avons fait avec les moyens du bord. On creusait une pomme de terre, on la remplissait d’huile, on entourait une allumette de coton hydrophile pour faire une mèche.
Il y avait la lampe à carbure utilisée dans les mines ou les chemins de fer, ou en Amérique pour les chasseurs et trappeurs. Mon père menuisier travaillait avec. [Ndlr : à signaler : la lampe de marque Ponzevera fabriquée spécialement pour le milieu hospitalier. Le logo de la marque représente un caducée sur lequel s’enroule un serpent. Comme le souligne le Dr Jean Belin dans son ouvrage : « Combats pour la vie, L’Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand », les salles opératoires étaient équipées de générateurs à acétylène pendant la seconde guerre mondiale afin de bénéficier de lumière très rapidement en cas de coupure d’électricité alors très fréquentes. Ce type d’appareil a aussi pu être utilisé dans les ambulances ou hôpitaux de campagne. l’avantage de ces générateurs à acétylène c’est qu’ils fonctionnaient grâce à un système d’immersion. Le carbure était contenu dans un panier qu’il suffisait de plonger dans l’eau pour générer immédiatement de l’acétylène].
Le falot était une lanterne portative, emmanchée au bout d’un bâton ou portée à la main. Pour traire les vaches, on apportait la lumière dans l’étable où on l’accrochait à un soliveau, Sur la route, on installait des falots à l’avant du véhicule, ça n’éclairait pas beaucoup mais on n’allait pas vite !
La lampe pigeon était une petite lampe en laiton dont on se servait la nuit quand on avait besoin de se lever pour nos enfants en bas âge. On la mettait sur la table de nuit.
Dans les bourgs il y eut l’éclairage public au gaz à la fin des années 1900. L’électricité est arrivée dans les années 1936-1937. On a vu alors les bourgs s’éclairer, mais pour les villages, il a fallu attendre l’après-guerre de 39/45. De gros transformateurs distribuaient « le courant ». « où on va-ty se brancheu ? » disait-on dans nos campagnes.
Pour allumer, il y avait « la presse » pour appuyer sur le bouton. C’était magique, on n’en revenait pas de voir si clair. Ce n’étaient pourtant souvent que des loupiotes de faible intensité. Sitôt qu’il faisait jour on éteignait. « Tu brûles du jour ». les tubes au néon fournissaient un éclairage important.
Il y avait aussi la lumière qu’on produisait soi-même pour son vélo, grâce à la dynamo. L’intensité variait suivant l’effort fourni en appuyant sur les pédales. On n’oublie pas la lampe de poche, si pratique
(fin de témoignage)
NDLR : La lampe à huile est sans doute le plus ancien système d’éclairage à avoir été utilisé par l’homme. Les premières lampes à huile, qui datent d’environ 20.000 ans avant J.-C., étaient de simples pierres évidées puis remplies d’huile végétale dans laquelle trempait une mèche. On pense même que ce type de lampe était connu des hommes des cavernes. Ce système évolua ensuite selon les pays et les époques : dans l’antiquité, les Grecs utilisaient des lampes en terre cuite pour leur usage quotidien et des lampes en bronze décorées pour les cérémonies.
Plus tard, l’éclairage public par lanterne seconda l’ordre public, la lanterne est devenue un symbole de l’ordre. Pour défier le pouvoir, on jetait des cailloux à la lanterne. Pendant la Révolution française, « mettre à la lanterne » était une expression populaire signifiant pendre aux cordes d’un réverbère ceux que la fureur populaire désignait comme contre-révolutionnaires, sorte d’exécution dont on cite de nombreux exemples dans les émeutes de 1789 à 1793. Jusqu’en 1792, pendre quelqu’un à la lanterne était aussi un défi au roi. Les émeutiers en réclamant ces exécutions avaient l’habitude de crier : « ah ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne, ah ça ira, ça ira, les aristocrates on les pendra » !