Ecrit le 20 février 2019
Le mot « LOL » est de l’argot internet, il a été reconnu par l’Oxford English Dictionary en 2011 et figure dans l’édition 2013 du Petit Robert. Il vient de l’anglais Laughing out loud qui veut dire « Rire très fort » - « Rire aux éclats » , « Rire à gorge déployée » .
Dans les années 2009-2010 s’est constitué un groupe Facebook « la Ligue du LOL » qui s’est fait une spécialité : les harcèlements majoritairement ciblés sur la gente féminine. Réunissant une trentaine de personnes, essentiellement des hommes, pour la plupart issus de nombreuses rédactions parisiennes, du monde de la publicité ou de la communication, ce groupe se divertissait fort en multipliant les injures à caractère raciste, sexiste, homophobe, grossophobe ou handiphobe et toute la panoplie du cyber-harcèlement : « des messages malveillants, qui m’attaquaient moi, ma personnalité, mon travail, et surtout de manière répétée, ciblée, pendant des années. C’était clairement pour me nuire, pour me faire perdre confiance en moi, pour m’humilier » raconte une victime. Il y eut même des photomontages pornographiques, des menaces de mort, des incitations répétées au suicide ! Cela se passait à l’intérieur d’un club privé puis aussi sur les « réseaux sociaux » en profitant de l’anonymat. Le fondateur de ce groupe a reconnu : « c’est un groupe d’amis Facebook, comme tout le monde en a », « Nous étions influents, et c’est vrai que si on critiquait quelqu’un, ça pouvait prendre beaucoup d’ampleur. On se disait que c’était un grand jeu. C’était une grande cour de récré, un grand bac à sable. C’était du trolling, on trouvait ça cool. Aujourd’hui, on considére ça comme du harcèlement. » On a pu parler à leur sujet parle d’une « meute de harceleurs de féministes ».
Daria Marx, auteure féministe raconte :. « Pendant plusieurs années sur Twitter, moi et d’autres copines féministes, on a été la cible de ces petits mecs parisiens qui se foutaient de notre gueule. J’étais grosse, donc je n’avais pas le droit à la parole. » « Un jour, l’un des membres de cette ligue a pris une image porno d’une nana grosse et blonde qui pouvait vaguement me ressembler et a commencé à faire tourner l’image sur Twitter ».
Une autre journaliste, qui a souhaité rester anonyme, a confié à Libération. « Dès que je partageais un article féministe, ils débarquaient, et ramenaient dans leur sillage des dizaines d’internautes qui m’insultaient et appelaient parfois au viol. Les membres de cette ligue étaient tous suivis par plus de 5000 personnes, des gens très contents de pouvoir déverser leur venin ».
Florence Porcel explique que le harcèlement est allé au-delà du cadre virtuel. « Ils sont même allés jusqu’à se rendre sur mon lieu de travail. Ils étaient cinq et m’ont entourée physiquement, raconte-t-elle. C’était extrêmement intimidant. Ça m’a traumatisée. »
(source : madamelefigaro.fr)
Dans une tribune publiée par Le Monde le 14 février, 900 journalistes affirment : « la »ligue du LOL« n’a rien d’une exception. Elle ne concerne pas seulement le petit milieu journalistique parisien mais l’ensemble de la société. Elle illustre la réalité d’une domination masculine fondée sur la cooptation et l’entre-soi entre hommes, blancs et hétérosexuels ».
Les piques, moqueries, humiliations, laissent des traces indélébiles : « Chaque jour. Chaque minute. Mes soeurs et moi, filles de pub, survivons à vos torts sans pouvoir nous en détacher. Vos mots et vos gestes nous suivent en songes et en thérapies » écrit Christelle Delarue présidente-fondatrice de la première agence de publicité féministe.
Il se pose alors une nouvelle fois la question de l’anonymat sur les Réseaux Sociaux. On ne peut tolérer qu’il serve à masquer l’identité de ceux qui jettent à seaux la haine quotidienne, phénomène si répandu que « le harcèlement en ligne est en passe de devenir quotidien pour la nouvelle génération », commente franceinfo. Chez les 18-24 ans, la part des personnes cibles d’insultes ou de propos obscènes s’élève à 27% - soit plus d’un quart des jeunes. Et plus d’un jeune majeur sur cinq (22%) déclare avoir déjà été la cible de cyberharcèlement. Etrangement (!) dans un article de Libération de septembre 2018, on a pu lire un article en faveur de l’anonymat, écrit par le fondateur du groupe La Ligue du LOL. On comprend
Alors que Twitter et Facebook pourraient être le lieu d’expression d’idées, ils sont souvent le déversoir de propos haineux et grossiers avec la plupart du temps des allusions sexuelles déplacées.
Sexe-obsession
Le sexe est décidément une obsession générale, du moins chez les hommes. Cela concerne les individus mais aussi les institutions apparemment les plus res- pectables.
Les scandales à connotation sexuelle se multiplient et les langues se délient.
On se souvient que l’association Oxfam a été secouée, il y a un an, par un scandale impliquant des employés accusés d’avoir eu recours à des prostituées, mais aussi de harcèlement et d’intimidation lors d’une mission à Haïti en 2010.
Le pape a reconnu publiquement des abus sexuels dans l’Eglise catholique. Le scandale des prêtres violant ou abusant des religieuses ou même des fillettes, s’inscrit dans celui plus large des abus de pouvoir qui ont permis à des membres du clergé pédophiles de nuire en toute impunité pendant des décennies dans nombre de pays.
Dans le sillage des révélations sur les vastes abus contre les enfants et du mouvement #MeToo, des religieuses ont commencé ces dernières années à élever la voix à leur tour.
Le nonce apostolique en France est visé par une enquête pour agression sexuelle. Le journal La Croix a recueilli plusieurs témoignages de jeunes hommes, dont beaucoup sont proches de l’Église, disant avoir subi les mêmes gestes : mains sur les fesses ou les cuisses, gestes équivoques : de la part de ce prélat de 74 ans.
Journaliste à France Culture, Frédéric Martel s’apprête à publier une vaste enquête sur l’homosexualité des prêtres, évêques et cardinaux au Vatican. Le livre publié en huit langues et dans une vingtaine de pays, paraîtra le 21 février, le jour même où s’ouvrira la rencontre internationale sur les abus sexuels dans l’Église, à Rome. Ce jour-là les présidents des Conférences épiscopales du monde entier doivent se réunir autour du pape François afin de réfléchir à la prévention des abus sur mineurs dans l’Eglise, « Je ne révèle pas l’homosexualité de cardinaux vivants, dit F.Martel, je cherche à comprendre comment l’institution s’est construite sur le mensonge, sur la double vie, la schizophrénie, l’hypocrisie : je reprends là les mots du pape François »
Après les catholiques, la principale église protestante américaine, la Southern Baptist Convention, est à son tour secouée par un scandale sexuel de grande ampleur révélé par des journalistes et impliquant près de 400 pasteurs, bénévoles et éducateurs sur deux décennies, ayant fait plus de 700 victimes, la plupart mineures.
Grâce à Dieu
Le film « Grâce à Dieu » raconte la naissance de l’association de victimes « La Parole Libérée », fondée à Lyon en 2015 par d’anciens scouts abusés par un prêtre pédophile, Bernard Preynat. Évitant les écueils de son sujet « casse-gueule », le silence de l’Eglise face aux agressions sexuelles subies par des enfants, François Ozon livre un film humaniste particulièrement pertinent sur les affres destructrices de la pédophilie... des affres auxquelles l’actualité fait tristement écho.