Ecrit le 8 juillet 2020
Les écarts de salaires hommes-femmes ne signifient pas forcément volonté de discrimination. Ils s’expliquent par des clivages plus profonds : davantage de temps partiel, moins de perspectives d’évolution, et surtout, un accès plus compliqué à certains types de professions. Telles sont les conclusions d’une étude de l’Insee sur les écarts salariaux entre les sexes, rendue publique jeudi 18 juin. Une étude de Oxfam du 22 juin tire les mêmes conclusions sous l’angle du Cac 40.
Si l’écart de salaire entre hommes et femmes continuait à diminuer au même rythme que celui des dernières années, nous serions à égalité dans plus de 70 ans…
Dans les Pays de Loire le Plan Régional en faveur de l’Égalité Professionnelle entre les femmes et les hommes réunit 20 acteurs du territoire qui s’engagent à mettre en place des actions partenariales en faveur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Ce plan triennal a permis de lancer plus de 35 actions sur les 5 départements depuis sa signature en 2017.
Les inégalités professionnelles en Pays de Loire
Le taux d’emploi des femmes est fort en Pays de Loire (82%), avec de plus grandes difficultés pour les jeunes femmes. Des inégalités de salaires en défaveur des femmes y sont plus accentuées qu’au niveau national avec 26% d’écart, et la très forte proportion de femmes qui travaillent à temps partiel se remarque : 32,6 % contre 7,3 % des hommes.
Les femmes de moins de 35 ans sont plus souvent contraintes que les hommes à occuper un emploi dont le niveau de qualification est inférieur à celui de leur diplôme.
Le plan régional en faveur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes en Pays de Loire 2017-2020 définit des priorités d’actions afin de réduire ces inégalités.
La progression de la place des femmes dans tous les métiers et dans tous les niveaux de responsabilité requiert un dialogue entre une diversité d’actrices et d’acteurs : pouvoirs publics, branches professionnelles, entreprises, partenaires sociaux, associations, prescripteurs et bénéficiaires.
Des objectifs déclinés en 4 axes
AXE 1 : Lutter contre les stéréotypes sexistes et encourager la mixité des métiers et des emplois :
Les actions de sensibilisation menées par les signataires en direction des élèves, des enseignants, des professionnels ont fait évoluer les représentations traditionnelles des métiers et ont permis d’ouvrir le
recrutement de femmes dans des métiers porteurs d’emploi encore peu mixtes.
AXE 2 : Accompagner le dialogue social et la mise en œuvre de la loi pour assurer l’égalité professionnelle à travers des accords d’entreprise et des plans d’action négociés. L’égalité salariale, la qualité de vie au travail et une meilleure articulation des temps de vie se sont ainsi améliorées dans les Pays de Loire.
AXE 3 : Promouvoir la création et la reprise d’entreprise par les femmes : les événements de communication et de valorisation de l’entrepreneuriat des femmes ont mis en valeur des projets innovants portés par des femmes dans de multiples secteurs professionnels. 19 partenaires unissent leurs efforts dans le cadre d’un Plan d’action régional (PAR), pour promouvoir et développer l’entrepreneuriat des femmes.
Un bilan 2019 particulièrement positif :
• 35 actions sur les 5 départements ;
• 1 000 femmes et 2 000 élèves concernés ;
• près de 300 entreprises et établissements impliqués.
Les actions 2019
Parmi les actions menées on trouve :
Accompagnement des jeunes femmes en situation de monoparentalité habitant dans les Quartiers Politique de la Ville et des femmes éloignées de l’emploi.
Féminisation des métiers de l’industrie - découverte des métiers de l’aéronautique.
Découverte des métiers du transport par les femmes.
Accompagnement vers l’emploi des femmes victimes de violences par des entretiens individuels et collectifs et des ateliers spécifiques.
Matinale « Bienfaits de la mixité - l’industrie accueille les femmes » la réunion a eu lieu à Châteaubriant - Mars 2019
Dans le journal Le Temps, en Suisse, Eglantine Jamet, docteure en sciences sociales, analyse :
Si les femmes sont moins payées que les hommes (ou si les hommes sont mieux payés que les femmes), c’est parce que nous vivons encore dans un système qui valorise différemment les unes et les autres.
Ce système, nous ne l’avons pas inventé, nous en avons hérité. Nous ne sommes donc pas coupables de quoi que ce soit, en revanche nous sommes toutes et tous responsables de savoir si nous avons envie de continuer à y participer ou au contraire, une fois qu’on a pris conscience des inégalités qu’il produit, si nous souhaitons le questionner et travailler à enrayer sa reproduction.
En effet, l’éducation des filles et des garçons repose encore largement sur des stéréotypes de genre qui stimulent l’empathie et le soin aux autres chez les filles, la compétition et l’ambition chez les garçons, sans compter que les modèles proposés aux enfants conditionnent très tôt les filles (et seulement les filles malheureusement) à se projeter dans un rôle domestique et parental.
Sans surprise, les choix de formation des jeunes conduisent ensuite les garçons à choisir des métiers mieux rémunérés et avec une progression de carrière plus intéressante, alors que, comme la crise sanitaire l’a souligné, les métiers majoritairement exercés par des femmes sont peu valorisés et mal rémunérés.
La période de semi-confinement a aussi tristement rappelé à quel point le partage des tâches dans la sphère domestique était encore balbutiant, la plus grande part de ce travail gratuit (donc sans valeur ?) reposant très largement sur les épaules des femmes.
C’est là qu’on en arrive à des inégalités explicables : si on a « choisi » un métier moins bien payé et qu’on ne l’exerce pas à taux plein parce qu’on assume 80% du travail domestique et parental, alors bien sûr la différence de salaire vis-à-vis d’un homme qui s’est orienté dans un métier mieux rémunéré et qui peut progresser librement, sans les contraintes liées à la prise en charge du foyer ou des enfants, se creuse très rapidement. En effet, c’est explicable, mais est-ce que c’est acceptable ? Et a-t-on envie que cela reste ainsi ? (fin de citation)
Au CAC 40 aussi
A l’échelle du CAC 40, la part des femmes au sein des conseils d’administration a presque quadruplé entre 2009 et 2018, passant de 10 % à 44 %, prouvant l’efficacité des quotas imposés par la loi Copé-Zimmermann de 2011. Certaines entreprises échappent pourtant à la règle, c’est notamment le cas de Airbus, Arcelor, Lafarge, STMicroelectronics et TechnipFMC, dont les sièges sociaux sont situés hors de France. Cependant les femmes demeurent éloignées des postes les plus stratégiques et des espaces de décision.
Plafond de verre et inégalités salariales se cumulent : en France, selon l’INSEE, en haut de la pyramide des revenus, les 1% des femmes les mieux rémunérées gagnent un salaire inférieur de 34% aux 1% des hommes aux plus hauts salaires.
Et même pour lever des fonds, les femmes-entrepreneures ont beaucoup : moins de possibilités que les hommes !