Ecrit le 3 mars 2010
Marianne, toi si jolie ...
?
Toutes les classes politiques confondues s’offusquent qu’une femme « voil ?e » se pr ?sente en 4e position sur la liste du N.P.A. Ilham Moussa ?d, car elle a un nom ! avec son foulard serait le symbole de la soumission des femmes, mode de vie insupportable dans un pays qui d ?fend l’ ?galit ? des femmes et des hommes.
On peut remarquer qu’elle n’est nullement voil ?e : elle porte seulement un foulard sur la t ?te !
Marianne, enceinte, symbole de la R ?publique, portant le bonnet phrygien, coiffure des affranchis de la Rome Antique, et embl ?me de la libert ?, a ?t ? choisie par notre gouvernement et ministre de l’ ?conomie, pour repr ?senter une France qui investit dans son avenir.
Diam’s, la rappeuse rebelle qui s’ ?tait fait le porte-parole de la cause des filles de banlieue, porte le voile-foulard devant des milliers de fans. Elle n’accepte pas d’ ?tre photographi ?e, fait un proc ?s et gagne !
Son voile ?tant sa libert ? !
Faut-il ?voquer les femmes mettant foulard et voilette pour rencontrer le pape ?
Christine Lagarde, en visite en Syrie, appara ?t sur nos ?crans de t ?l ?vision coiff ?e d’un foulard noir. Ministre d’une R ?publique « la ?que », femme libre, ce foulard symbolise quoi ? sa libert ? ? sa soumission ou respect des coutumes du pays visit ? ? coutumes tant d ?cri ?es en France ? Monsieur Fillon et autres repr ?sentants fran ?ais n’ ?taient pas habill ?s en robe ou burnou pour c ?der aux habitudes du pays, mais bien ? l’europ ?enne !
Alors c’est quoi ce bin...ss ? Voile, foulard, bonnet, sont tant ?t symboles de libert ?, de soumission, de respect des convenances. Une chose est s ?re ! le d ?nominateur commun c’est la femme !!! toujours elle qui doit se soumettre aux moeurs de la soci ?t ? et ?a ce n’est pas un symbole de son ind ?pendance et de sa libert ? !
Ilham Moussa ?d, Diam’s, Christine Lagarde, Marianne, toutes images de femmes exploitables et exploit ?s. Notre ?galit ? avec les hommes ? le parcours va ?tre long ! M ?me une ministre a succomb ? !
C’est vrai que l’espoir de vente d’Airbus, d’un m ?tro et des milliards ainsi r ?colt ?s, vaut bien l’abandon des principes de libert ?. Ces milliards r ?colt ?s qui en b ?n ?ficiera ?? les femmes seront toujours les derni ?res servies !?Ch ?meuses-bas salaires-temps partiels-pr ?carit ?-mis ?re ! Les voiles, foulards, burqua les plus dangereux sont ceux qui, bien ? l’abri des pr ?jug ?s, sont dans la t ?te des hommes, et de tout ceux qui veulent le ou les pouvoirs, chez certaines femmes y compris.
Une certaine hyst ?rie m ?diatique et les violences exprim ?es sur internet t ?moignent que la tenue des m ?res accompagnatrices n’est qu’un alibi.
J’appelle ? un large rassemblement pour refuser toutes r ?surgences du racisme, quelles qu’en soient les formes et les masques !
Chronique de Malik Salemkour
pr ?sident de la Ligue des Droits de l’Homme
Ecrit le 6 novembre 2019
Des histoires de voile
Une certaine hyst ?rie m ?diatique et les violences exprim ?es sur internet t ?moignent que la tenue des m ?res accompagnatrices n’est qu’un alibi.
J’appelle ? un large rassemblement pour refuser toutes r ?surgences du racisme, quelles qu’en soient les formes et les masques !
Chronique de Malik Salemkour
pr ?sident de la Ligue des Droits de l’Homme
Depuis l’affaire des coll ?giennes voil ?es de Creil en 1989, les d ?bats r ?currents sur les signes religieux dans l’espace public divisent et r ?veillent les plus folles haines. Trente ans apr ?s, le sujet continue d’ ?veiller les m ?mes passions, les m ?mes pol ?miques. Elles sont attis ?es par les plus hautes autorit ?s de l’Etat, sans consid ?ration pour les violences qu’elles lib ?rent, au d ?triment de ce qui fonde la R ?publique et la Nation.
Ces interventions s’apparentent ? celles de pompiers pyromanes, ? des proph ?ties autor ?alisatrices aux effets d ?vastateurs sur la soci ?t ? tout enti ?re. Maladresse, intention d ?lib ?r ?e ?? Quoi qu’il en soit, elles assimilent syst ?matiquement musulmans, islam politique, int ?grisme et terrorisme.
La chose a ?t ? pratiqu ?e par Manuel Valls lorsqu’il ?tait ministre, elle est devenue monnaie courante au Printemps r ?publicain. Tout voile ?quivaut ? leurs yeux ? un signe ostentatoire d’un islam politique engag ? dans la destruction de la R ?publique. Cette id ?e, partag ?e avec enthousiasme par l’extr ?me droite, est un poison social. Elle jette l’opprobre sur les musulmanes au nom d’une la ?cit ? d ?voy ?e, alimente une islamophobie croissante chez les uns avec, en retour, une d ?fiance g ?n ?ralis ?e chez les autres, voire des r ?flexes communautaires, d ?fensifs ou provocateurs.
Lors de l’hommage aux victimes de l’attentat ? la pr ?fecture de police de Paris le 8 octobre, l’appel d’Emmanuel Macron ? une soci ?t ? de vigilance pour « » ?savoir rep ?rer ? l’ ?cole, au travail, dans les lieux de culte, pr ?s de chez soi« ? » ?« ?ces ? »« ?petits gestes qui signalent un ?loignement » ?« ? » porte au plus haut niveau cet amalgame mortif ?re.
Le 24 septembre, d ?j ??, le ministre de l’Education nationale avait tenu ? d ?noncer de mani ?re v ?h ?mente une affiche de campagne des repr ?sentants des parents d’ ?l ?ves de la f ?d ?ration des conseils de parents d’ ?l ?ves (FCPE ), montrant une m ?re portant un foulard. Avec cette chasse aux « ?signaux faibles ? », on ouvre les vannes au plus sordide.
Le 11 octobre, des ?lus du Rassemblement national se saisissent de ce contexte vici ? lors d’une s ?ance du conseil r ?gional de Bourgogne-Franche-Comt ?, prenant violemment ? partie une femme, dans le public, portant un voile sur la t ?te. Jean-Michel Blanquer d ?nonce du bout des l ?vres, le 13 octobre, cette insupportable agression, mais d ?clare que le voile n’est pas souhaitable dans notre soci ?t ?, au m ?pris flagrant de la loi de 1905 qui prot ?ge la libert ? de culte dans l’espace public.
Le lendemain, l’universit ? de Cergy appelle par circulaire son personnel ? rep ?rer les pratiques des personnes de confession musulmane, et une visite scolaire est annul ?e dans une caserne de pompiers ? Creil au motif de la pr ?sence de m ?res voil ?es.
Deux d ?rapages, dit-on. Ils sont vite corrig ?s. Reste qu’une certaine hyst ?rie m ?diatique et les violences exprim ?es sur Internet t ?moignent que la tenue des m ?res accompagnatrices n’est qu’un alibi.
Apr ?s le discours odieux d’Eric Zemmour retransmis sans filtre sur LCI le 29 septembre ? la Convention des droites de Marion Mar ?chal-Le Pen, des centaines de d ?bats sont organis ?s ? charge contre l’islam sur les cha ?nes d’information continue. Des chroniqueurs d ?rapent, d ?clarant d ?tester la religion musulmane (Yves Thr ?ard) ou que porter un voile serait un acte politique comparable au port de l’uniforme nazi (Olivier Galzi). On s’enflamme sur les r ?seaux sociaux, o ? l’on assiste ? un d ?versement de provocations et d’insultes.
Heureusement, des r ?actions positives s’expriment, telle la tribune de quatre-vingt-dix personnalit ?s, parue le 15 octobre, « ?Jusqu’o ? laisserons-nous passer la haine des musulmans ?? », appelant le pr ?sident de la R ?publique ? intervenir clairement. Il lui revient en effet, d’urgence, d’ ?teindre l’incendie. Cela appelle des propos d’apaisement, r ?affirmant avec clart ? et fermet ? le refus de toute stigmatisation de l’islam et des musulmans, de tout racisme.
Car c’est bien de cela dont il s’agit. De racisme et de lutte antiraciste.
La lutte contre le racisme ne se divise pas. Si chacun a son histoire, ses sp ?cificit ?s, des leviers sp ?cifiques, il met ? mal l’universalit ? des droits et l’ ?gale dignit ? de chaque ?tre humain. Son combat doit ?tre absolu et indivisible. Les enjeux sont complexes et il revient ? l’Etat, ? tous les acteurs sociaux, singuli ?rement aux m ?dias, chacun dans son r ?le, d’aider ? les clarifier en distinguant ce qui rel ?ve de la loi de ce qui rel ?ve du libre d ?bat public, dans un contradictoire s ?rieux et respectueux des opinions diverses.
Pour sa part, la Ligue des Droits de l’Homme r ?affirme son opposition r ?solue ? toute manifestation de stigmatisation d’une partie de la population, ? toute complaisance envers cette stigmatisation. Elle entend amplifier ses actions en faveur de la la ?cit ?, de la libert ? de conscience, de l’ ?galit ? femmes/hommes, et multipliera les initiatives politiques, juridiques et p ?dagogiques autour de la d ?fense de ces valeurs.
c’est en ce sens que la LDH appelle ? un large rassemblement pour refuser toutes r ?surgences du racisme, quels qu’en soient les formes et les masques.
Malik Salemkour,
pr ?sident de la LDH
l’affiche de la FCPE
Face ? ?la pol ?mique autour d’une de ses affiches de campagne qui d ?fend ?le droit pour les m ?res musulmanes d’accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires, m ?me si elle portent un foulard, la ?f ?d ?ration nationale des conseils de parents d’ ?l ?ves (FCPE ) assume. Et ce malgr ? les ?vives critiques du ministre de l’Education nationale.
Rodrigo Arenas, co-pr ?sident de la FCPE , rappelle que la FCPE d ?fend « une la ?cit ? qui inclut et non pas qui exclut ». « Dans beaucoup de territoires de notre pays, quand les sorties scolaires ont lieu, il n’y a pas de personnel encadrant donc on est bien contents de trouver ces mamans pour que les ?l ?ves aillent dans des mus ?es par exemple », a-t-il expliqu ?.?
Au s ?nat
Vot ?e par le s ?nat le 29 octobre 2019, la proposition de loi LR, qui vise ? interdire le port de signes religieux aux parents accompagnant les sorties scolaires, place ces derniers dans la situation complexe des « collaborateurs occasionnels du service public ». Ce statut a ?t ? cr ?? pour que les b ?n ?voles, victimes d’un accident par exemple, puissent ?tre indemnis ?s par la collectivit ? qui a eu recours ? leurs services. Comme le rappelle le Conseil d’Etat dans un avis publi ? en 2013, « l’emploi de la notion de ’collaborateur’,’collaborateur occasionnel’ ou ’participant’ ne dessine pas une cat ?gorie juridique dont les membres seraient, entre autres, soumis ? l’exigence de neutralit ? religieuse ».
Le vote du s ?nat est raciste, islamophobe ? : il constitue une population enti ?re comme un probl ?me et un danger. Attention, il est urgent de tirer la sonnette d’alarme. La haine se banalise, y compris au plus haut de la Nation.

