Ecrit le 13 août 2014.
Une randonnée d’amis en forêt de Domnaiche, il y a deux ans, avec le guide Yannick Robert … et la découverte d’un trésor ! La forêt de Domnaiche, en Lusanger, recèle en effet des richesses, pour qui sait les trouver. Des spécialistes de la Société des Sciences Naturelles de l’Ouest ont consacré leur numéro de janvier-février 2014 à la présentation du travail de botanique-mycologie, ornithologie, herpétologie, entomologie et autres sciences de la terre, avec l’autorisation de M. Régis Lefeuvre représentant les propriétaires. En voici des extraits :
Les géologues estiment que la forêt s’est développée sur ’’la formation de Renac ’’, alternance de grès sombres à lamines et de pélites schisteuses grises ou bariolées. Le plateau de Domnaiche présente des paysages variés. Si l’on circule dans le sens est-ouest on trouve des surfaces planes, régulières et monotones, dissimulant les fonds des vallées encaissées en contrebas. Mais dans le sens sud-nord, la succession continuelle des versants (c’est-à-dire des ’’côtes’’ et des ’’descentes’’) est déterminante. Le plateau est le plus vaste de ce genre en Loire-Atlantique, mais aussi le plus élevé (jusqu’à 80 m) donc l’un des plus ventés et des plus froids en hiver, en tout cas l’un des plus caillouteux en raison de son substratum quartzitique. Les indices de minerai de fer y sont nombreux et Jean-Claude Meuret a reconnu sept ferriers ou accumulations de blocs de scories issues d’une activité métallurgique ancienne.
À l’étang caché en forêt
La forêt de Domnaiche (qui s’écrivait Domnesche jusqu’à la fin du 19e siècle) couvre environ 740 hectares. Elle est traversée par un ruisseau alimenté par un réseau de fossés et petits rus quadrillant la forêt à l’est. Une retenue d’eau d’environ un hectare est présente à l’ouest, à côté des ruines d’un château médiéval dont il reste aussi des douves profondes.
Les boisements sont faits de chêne rouvre, châtaignier, bourdaine, poiriers à feuilles en cœur, genêt à balais, le charme, le hêtre, le houx. Des peuplements presque purs de noisetiers témoignent probablement de l’ancienne activité métallurgique, le bois de cet arbre ayant un pouvoir calorifique élevé (’’bois de boulange’’). Sur les deux tiers de la forêt, les conifères sont exploités pour la sylviculture, avec fréquemment un voile de fougères-aigles quasi continu.
La strate herbacée comprend la molinie bleue, la laîche à pilules, le millepertuis élégant, la petite pervenche. La renoncule aquatique est très abondante dans le grand étang de même que l’hottonie des marais.. La phalangère à feuilles planes est assez fréquente dans un bon quart de la forêt. On note quelques pieds de myrtille, de violette lactée, de muguet. Mais les spécialistes estiment que la forêt a une relative pauvreté floristique, peut-être due à l’incendie dévastateur de 1976 et à l’enrésinement trop important du massif.
Héron cendré, canard colvert, buse variable, épervier d’Europe, busard Saint Martin, Faucon crécerelle, pouillot véloce et bruant zizi ... les ornithologues ont trouvé 57 sortes d’oiseaux (et même une plume de Hulotte). Ils ont vu les traces de cerfs, chevreuils, sangliers, lièvres, martres, blaireaux et renards.
Les herpétologues ont aussi parcouru la forêt à plusieurs reprises (mais toujours avec autorisation). Ils ont trouvé cinq espèces de reptiles (dont trois de lézards) et deux espèces de serpents. Et huit espèces d’amphibiens : 3 espèces d’urodèles et 5 espèces d’anoures. Le lézard vert peut atteindre 40 cm ! Particularité de la forêt de Domnaiche, la présence de couleuvres à collier « mélaniques » (noires). La vipère péliade (venimeuse) présente de bons effectifs à Domnaiche. Les scientifiques souhaiteraient la mise en place d’un réseau d’abris artificiels pour pouvoir observer des espèces plus discrètes comme la vipère aspic, la coronelle lisse ou la couleuvre d’Escupale.
Il y a des Salamandres tachetées à Domnaiche, mais peu finalement, la forêt étant sans doute trop sèche. Le Triton palmé est bien présent mais peu abondant, le Triton marbré est rare. Bonne surprise : la présence du crapaud accoucheur qui confère à la forêt une originalité batrachologique incontestable, d’autant plus qu’il a été relevé ’’une extraordinaire quantité de géniteurs et de ponte’’ de crapauds épineux (sans doute plus d’un millier d’individus). Rainette verte, grenouille verte, grenouille rieuse, grenouille agile ont été repérées mais pas la grenouille rousse et le triton alpestre. Le protocole d’entretien de la forêt devrait être bien pensé pour protéger l’intérêt batrachologique de Domnaiche et permettre aux reptiles ’’de venir effectuer leur thermorégulation au soleil’’.
Venons-en maintenant aux lépidoptères : 330 espèces de papillons de nuit ont été recensées dans la forêt de Domnaiche, principalement dans les zones plantées de feuillus. Le recensement s’est fait avec des ’’miellées’’ (appâts sucrés sur les troncs d’arbres) et par l’installation d’une source lumineuse devant un drap vertical blanc.
Quelques espèces rares ont été trouvées : Morophaga choragella, Parornix devoniella, Eucosmomorpha albersana (qui est une ’’Tordeuse’’), Endormis versicolora (qui s’appelle aussi Versicolore), Catocala fraxini (la Lichénée bleue)… etc.
Enfin, à côté des papillons de nuit, les entomologistes ont trouvé d’autres insectes qu’il faudrait recenser de façon plus systématique. : phryganes (dont les larves sont bien connues des pêcheurs de truite), coléoptères (scarabées comme le copris lunaire, le bousier et le géotrupe des bois) et éphéméroptères (ce sont les plus anciens insectes ailés de la planète encore vivants, Ils font partie du plancton aérien et jouent (ou jouaient) un rôle important pour certaines zones humides, en particulier pour l’alimentation des poissons et de certaines chauves-souris).
Au total, un travail formidable réalisé par des universitaires de Nantes qui se sont déplacés plusieurs fois (jusqu’à sept fois pour certains), de jour ou de nuit, par tous les temps et ont fait des recensements fort intéressants, en rendant hommage à Régis Lefeuvre pour les facilités d’accès à la forêt.
Le bulletin n°36 (10€ + frais de port) peut être demandé à la société des sciences naturelles, muséum d’Histoire Naturelle, 12 rue Voltaire – 44000 Nantes. Merci à Jean-Claude Levilain pour ces infos si intéressantes (complétées dans le numéro 37)
Aglia Tau – Photo E.Drouet
Aglia Tau est un papillon de nuit, surnommé ’’La hachette’’ en raison du dessin blanc qui orne les ocelles de ses ailes. Ses chenilles sont très originales, dotées de banderilles. Curieusement le mâle vole de jour et la femelle vole de nuit mais celle-ci émet des phéromones si affriolantes que la rencontre sexuelle se produit quand même. La concurrence est cependant sévère car le premier arrivé sera le seul à pouvoir « consommer » ....et de surcroît le nombre des mâles est généralement supérieur à celui des femelles.
Les chenilles naissantes portent cinq curieuses banderilles blanches et rouges, quatre du côté de la tête et une au bout de l’abdomen. Mais si vous voulez en savoir davantage, allez donc ici : au site insectes-net.fr