Ecrit le 21 octobre 2020
cérémonies 18 octobre 2020
Il y a 79 ans avait lieu dans la France occupée une exécution massive qui eut un retentissement considérable jusqu’au-delà des frontières. Appliquée par le gouvernement vichyste selon le tout nouveau « Code des otages », elle touchait, « les indésirables » en majorité des communistes et des syndicalistes. Ils furent fusillés à Nantes, à Souges, au Mont-Valérien, et à Châteaubriant. Le plus jeune, Guy Môquet, n’avait que 17 ans (tout comme André Le Moal fusillé à Nantes)
Dimanche 18 octobre 2020 aura lieu la cérémonie d’hommage aux fusillés de Châteaubriant, sur le site de la Sablière.
A partir de 13h30, sous la présidence de Odette Nilès, ancienne internée et d’Alain Hunault, maire de Châteaubriant, président de la Com’Com’ Châteaubriant-Derval en présence de Fabien Roussel, secrétaire national du Parti Communiste Français ainsi que de nombreux élus locaux et nationaux et de syndicalistes.
En ces temps difficiles de pandémie virale où les associations souffrent dans leur vie collective, il est important de pas passer sous silence le combat de ces hommes pour une France libre, solidaire et fraternelle. La France du programme « Les Jours heureux » et de la sécurité sociale qui assurait l’accès à la santé pour tous. La santé c’est la vie.
Cette année, l’évocation artistique présentée par les Tréteaux de France, scène dramatique nationale, a pour thème « la fille aux planches », écrit par Evelyne Loew et interprété par Marion Amiaud et Babette Largo. Le texte relate la rencontre entre l’esprit d’Esther Gaudin, jeune femme de 1941 et Lou, jeune femme d’aujourd’hui pour parler du monde d’après !
l’amicale avec les services de la préfecture et de la Mairie veillent à assurer une cérémonie dans le respect des gestes sanitaires. La sécurité est notre priorité à tous. Entrée libre. Port du masque obligatoire.
Sites Internet : http://www.amicaledechateaubriant.fr/
http://musee-resistance-chateaubriant.fr/

Qui est Esther Gaudin ?
« En août 1940, les troupes allemandes faisaient leur entrée à Nantes, j’avais 14 ans. Je fréquentais à cette époque le collège Aristide Briand place de la République à Nantes. s’il n’y avait pas eu les conversations de mes parents, certaines allées et venues dans la maison, une première perquisition de la Police française, puis l’arrestation de mon père, la vie aurait peut-être continué pour moi comme pour beaucoup de mes camarades de classe. Mais, lorsque le professeur de français nous pria, dans le cadre du cours, de rédiger la lettre que tous les collégiens français devaient adresser au Maréchal pétain, d’un bond publiquement dans la classe, je refusai de faire ce » devoir « . C’était un acte de contestation rare à l’époque dans une classe. A la demande d’explication du professeur, je répondis tout simplement que mon père venait d’être interné administratif par la police du Maréchal. Mon refus entraîna celui de toute la classe » ... raconte-t-elle.
Après le drame de la Sablière, Esther Gaudin se vit confier une mission : aller chercher, à Châteaubriant, le paquet de planches sur lesquelles les Fusillés avaient écrit leurs dernières volontés, planches cachées par les camarades et sorties du camp par le dentiste Puy-bouffat. Elle réussit cette mission !
Inutile de préciser les risques encourus ...
Ecrit le 21 octobre 2020
Thomas Ginsburger
Puis ce fut une première cérémonie à la Sablière pour l’inauguration de l’exposition annuelle sur le thème « 1940, entrer en résistance », faisant le point sur l’activité du Musée de la Résistance de Châteaubriant, et rendant hommage à Thomas Ginsburger décédé le 31 juillet 2020
" il était fils de résistants, sa mère, Marie-Claude Vaillant-Couturier (née Vogel), résistante communiste et déportée, a fait partie des témoins du grand procès de dirigeants nazis de Nuremberg, entre 1945 et 1946. Son père, Roger Ginsburger (alias Pierre Villon dans la résistance) a, lui, participé à la création du Conseil National de la Résistance. Tous les deux députés communistes.
Thomas était président de la délégation territoriale de Loire-Atlantique des Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation. II a oeuvré jusqu’au bout à l’écriture de biographies des déportés, afin qu’aucun ne soit oublié.
Toujours disponible, toujours en action, témoin et acteur de son époque, il avait, entre autres, participé à la création d’un mémorial virtuel de la déportation en Loire Inférieure en 2018. Il était membre de plusieurs autres associations et faisait partie du Collectif histoire depuis plusieurs années, apportant toute son érudition sur cette période de la résistance et de la déportation. II participait au jury du Concours National de la Résistance et de la déportation pour la Loire-Atlantique.
Sa gentillesse, son humour, son attention aux autres étaient très appréciés ".
Ami ne désespère pas
Puis ce fut le spectacle donné par le théâtre Messidor, sur le thème de l’entrée en résistance, avec des textes issus de l’histoire nationale et locale.
Eh, l’ami ! Prête-moi main forte
A deux, poussons la lourde porte
Sortons de l’abri de ciment
C’est la nuit, nous sommes de garde
Ami, ne désespère pas
Le jour viendra, le jour viendra
Dès le 17 juin 1940, des actes spontanés, isolés, fraient le chemin du refus de l’occupant et font naître ce qu’on appellera plus tard la Résistance. Charles Tillon le 17 juin, Charles de Gaulle le 18 juin, « Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves. » dira le 10 juillet l’appel de Jacques Duclos et Maurice Thorez.
Le 18 juin les Allemands entrent dans Châteaubriant. A Châteaubriant, dans la nuit du 10 novembre 40, les anciens combattants, Joseph Hervé, Etienne Martin, Louis Ganache, Marcel Letertre (père) et Maurice Lassoudière placent un drapeau tricolore au Monument aux morts. A Nantes, comme au Quartier Latin, des jeunes expriment leur refus de la défaite. Et très vite la répression
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c´est alors que l´un de vous dit
calmement Bonheur à tous
Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi
pour le peuple allemand
Et si c’était à refaire
Je referais ce chemin
Sous vos coups chargés de fers
Que chantent les lendemains
La France démantelée. Sa souveraineté est quasiment nulle. L’état de siège, les humiliations quotidiennes, les restrictions de liberté, les difficultés de déplacement et les contrôles permanents, la peur de dénonciation, les listes d’otages potentiels réquisitionnés chaque jour, les pillages de l’armée allemande, le manque de produits de première nécessité, de nourriture, d’essence Tout cela contribue à réveiller des Français traumatisés par la défaite. Sortant peu à peu des illusions suscitées par l’armistice de pétain, certaines et certains refusent ces conditions insupportables et entrent en Résistance.
Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille !
Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit,
Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine.
Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent,
Un seul mot : Liberté ,a suffi à réveiller les vieilles colères
Et des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur imposera.
Le monde d’après
Dimanche 18 octobre 2020, l’évocation théâtrale a fait revenir l’esprit d’Esther Gaudin, cette jeune fille de 15 ans venue de Nantes, en train, en 1941, pour récupérer les planches où les otages de la Sablière avaient écrit leurs dernières pensées.

Auprès d’une jeune fille de 2020, cet esprit s’est enquis : « le monde a -t-il enfin compris ? - Compris quoi ? - que nous sommes une grande famille, qu’il ne peut, qu’il ne doit y avoir aucune discrimination d’origine, de sexe, de religion, que les opinions doivent être libres, que la liberté de pensée est précieuse, la laïcité, la démocratie, le débat, la justice sociale, que nous nous devons d’accueillir les réfugiés des justes causes comme nous l’avons fait pendant la guerre d’Espagne. Mais il n’y a plus de réfugiés, j’imagine ... - Heu si, si, il y en a encore : Le racisme a disparu ? - c’est compliqué - Au moins chacun mange à sa faim ? Les enfants du monde entier vont à l’école ? s’accomplissent ? Jouent ? Partent en vacances ? Voyagent ? - oui, oui, presque tous, presque tous : qu’est-ce que vous attendez alors ? »