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Ecrit le 10 février 2021
Source : oxfamfrance.org
L’organisation Oxfam a publié son nouveau rapport annuel sur les inégalités, à l’occasion du « Davos Agenda », une semaine de dialogues virtuels organisés par le Forum économique mondial.
Ce rapport « Le virus des inégalités » révèle comment les milliardaires ont récupéré en un temps record de la crise alors que des centaines de millions de personnes basculent dans la pauvreté.
Ainsi, les 1000 personnes les plus riches du monde ont retrouvé leur niveau de richesse d’avant la pandémie en seulement 9 mois alors qu’il pourrait falloir plus de dix ans aux personnes les plus pauvres pour se relever des impacts économiques de la pandémie.
La pandémie de coranavirus est venue frapper un monde déjà profondément inégalitaire. Pour la première fois, les inégalités ont augmenté simultanément dans la quasi-totalité des pays du monde. Une situation sans précédent depuis plus d’un siècle.
Le rapport d’Oxfam met en lumière des chiffres sans précédent, notamment :
Les dix hommes les plus riches du monde : dont fait partie le français Bernard Arnault : ont vu leur fortune totale augmenter de plus de 500 milliards de dollars depuis le début de la pandémie. Une somme qui serait amplement suffisante pour financer le vaccin contre la COVID-19 pour toutes et tous et éviter que quiconque sombre dans la pauvreté à cause de la pandémie.
En seulement 9 mois, les 1 000 milliardaires les plus fortunés, principalement des hommes blancs, avaient recouvré toutes leurs pertes.
En France aussi
La France tourne elle aussi le dos à l’égalité : les milliardaires français ont bénéficié d’une reprise exceptionnelle : ils ont en effet vu leur fortune se reconstituer à hauteur de 175 milliards d’euros, dépassant le niveau d’avant la crise ! c’est la troisième plus forte progression après les Etats-Unis et la Chine. 175 milliards d’euros, c’est aussi l’équivalent de deux fois le budget de l’hôpital public français.
Le rapport d’Oxfam montre que, malgré la crise, la fortune de Bernard Arnault a même augmenté de 44 milliards d’euros entre mars et décembre 2020, soit un bond de 41%.
Dans le même temps, un million de personnes seraient tombées dans la pauvreté en France en 2020 selon les associations caritatives. Les femmes : et notamment les mères isolées -, les jeunes et les travailleurs précaires, qui sont les plus touchés par cette crise, sont pourtant les grands oubliés du plan de relance français.
En France, face à cette augmentation des inégalités, la responsabilité des gouvernements est au cœur du problème. Depuis des années, ils ignorent le problème et aggravent le fléau.
Les plus pauvres sont aujourd’hui les grands perdants du quinquennat d’Emmanuel Macron. Alors que le plan de relance devrait être l’occasion de construire un monde plus juste et plus durable, il n’en est rien. En France, moins de 1% du plan de relance est dédié à la lutte contre la pauvreté, tandis que des milliards d’euros ont été versés aux entreprises sans aucune contrepartie contraignante.
Selon les associations caritatives, la crise sanitaire aurait fait basculer dans la pauvreté un million de Français. L’un des signes les plus frappants de cette crise est l’explosion de l’aide alimentaire : le nombre de bénéficiaires est estimé à plus de 8 millions de personnes à l’automne 2020, alors qu’il se situe autour de 5,5 millions en temps normal, un chiffre déjà alarmant et en progression depuis 2008 où on comptait moins de 3 millions de bénéficiaires.
Autre signal fort : le nombre d’allocataires du revenu de solidarité active (RSA ) a fortement augmenté depuis le début de la crise sanitaire (150 000 nouveaux allocataires), pour atteindre 2,1 millions en octobre 2020, soit une augmentation de 8,5 % par rapport à octobre 2019.
Les rapports du Secours catholique et de l’Observatoire des inégalités publiés à l’automne 2020 ont tiré la sonnette d’alarme et montré que les personnes en situation de pauvreté (monétaire mais pas seulement) ont été les premières victimes de la crise, des personnes qui s’en sortaient jusqu’alors mais qui se trouvaient déjà en situation de vulnérabilité : les travailleurs précaires (contrats courts, intérim, temps partiel), les jeunes, mais aussi les personnes migrantes. Dans le Baromètre de la pauvreté Secours populaire / Ipsos, un Français sur 3 déclare avoir subi une perte de revenu et 16 % des répondants enregistrent même une perte qu’ils qualifient d’« importante ».c’est le cas d’un tiers des ouvriers et de près d’un quart des personnes au bas de l’échelle des revenus (moins de 1 200 euros nets par mois).
Oxfam appelle le gouvernement français à :
â–º Investir massivement dans les services publics : santé, éducation, protection sociale : pour assurer les besoins de base
â–º Revaloriser les minimas sociaux et les bas salaires, à commencer par les métiers du secteur du soin où les femmes sont majoritaires
â–º Faire en sorte que les plus riches et les grandes entreprises payent leur juste part d’impôts.
Le logement d’abord
Le département de Loire-Atlantique vient d’être retenu par l’État comme territoire de mise en œuvre accélérée du plan « Logement d’abord ». L’objectif est d’orienter rapidement les personnes sans domicile vers un logement durable grâce à un accompagnement adapté, modulable et pluridisciplinaire. A travers ce dispositif, il s’agit de considérer le logement comme une priorité et une condition nécessaire pour l’insertion des personnes. Le « Logement d’abord » s’inscrit dans la Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté pour
laquelle le département de Loire-Atlantique a déjà été fortement identifié comme acteur dynamique et engagé.
Philippe Grosvalet, président du département de Loire-Atlantique, souligne : « Le Logement d’abord représente un vrai changement culturel puisqu’il s’agit de créer des solutions durables de logement, et pas seulement d’ouvrir des places d’urgence ».
Le projet présenté par le département de Loire-Atlantique a été réalisé en partenariat étroit avec diverses structures.
Il repose sur trois axes :
âž” Améliorer la connaissance des publics sans domicile et mieux identifier les besoins,
âž” Renforcer l’accompagnement social des personnes vers et dans le logement en mobilisant les partenaires de proximité,
âž” Soutenir les initiatives locales innovantes proposant un accompagnement social renforcé, intégrant les questions de la santé ou de l’emploi ainsi que le soutien des jeunes sortant de l’aide sociale à l’enfance dans leur recherche et maintien dans le logement.
Concrètement, il s’agit, par exemple, de développer des projets de logement à destination des publics prioritaires (jeunes sortant de l’aSE, femmes victimes de violence...), des opérations d’habitat inclusif, de logement saisonnier. Mais aussi de renforcer l’accompagnement des personnes sans domicile et de favoriser le maintien dans le logement, de développer la formation des professionnels du logement et des travailleurs sociaux, d’apporter un accompagnement médico-social aux locataires en souffrance psychique...
Un volet important sera dédié à de nouvelles actions pour éviter les ruptures de parcours des jeunes sortant de l’aide sociale à l’enfance et aller vers les jeunes en errance.