Ecrit le 24 mars 2021
Trois chênes Ruffignolais pour Notre Dame de Paris
La Forêt de Teillay-Ruffigné choisie pour donner trois de ses plus beaux chênes à la reconstruction de la flèche emblématique de la Cathédrale de Notre-Dame-de-Paris
Par un bel après-midi hivernal mais ensoleillé, une vingtaine de personnes du Groupement Forestier de la Forêt de Teillay (société foncière familiale), se sont retrouvées dans la forêt de Teillay-Ruffigné pour assister à la « récolte » de trois chênes magnifiques. Ceux-ci seront transformés en poutres de 10 mètres de long et de 40 cm de section, ils viendront reconstruire la flèche de la Cathédrale de Notre-Dame-de-Paris, ce joyau architec-tural qui a été victime d’un terrible incendie, le 15 avril 2019. Il a été décidé que la charpente sera reconstruite « à l’identique » donc en bois.
Pour réaliser ce vaste projet, la Fédération Nationale du bois ainsi que son antenne régionale s’est mobilisée pour coordonner les différentes étapes d’abattage, de convoyage, de sciage et de séchage des différentes pièces nécessaires à la reconstruction de l’édifice. « Il est indispensable que les grumes, une fois coupées, puissent sécher pendant 12 à 18 mois avant d’être utilisées pour la construction de la charpente prévue en 2023 » explique Thomas de Baglion l’expert forestier, désigné pour choisir les arbres dans la région Bretagne.
Il ajoute que « les 1 300 chênes nécessaires à la reconstruction de la charpente du monument religieux sont offerts par les propriétaires forestiers de l’ensemble du territoire national » Le Groupement Forestier de la Forêt de Teillay a souhaité participer à cette opération exceptionnelle en donnant trois chênes.
- Chêne de la Forêt de Teillay
« Nous devons abattre les chênes avant que la sève ne monte » expliquent Damien et Vincent Chevet, bûcherons professionnels, de l’entreprise du même nom basée à Baugé dans le 49. Ils seront ensuite débardés et transportés vers différentes scieries de la région. « Ces trois chênes remarquables ont été choisis pour leurs qualités de rectitude et d’élancement » commente Thomas de Baglion. En effet, les chênes de la forêt de Ruffigné-Teillay sont relativement droits et longs (entre 10 m et 13,50m de fût) c’est pourquoi ils rentrent parfaitement dans le cahier des charges imposées par France Bois Forêt (interprofession nationale) et l’établissement public Notre-Dame de Paris.
Pour Christian Viguerie l’un des propriétaires de la forêt, « c’est un symbole magnifique et fort que de pouvoir faire ce don pour retrouver la splendeur de cette cathédrale. Nous sommes tous les enfants de Notre Dame » dit-il en substance. C’est pourquoi il a souhaité, avant leur abattage, faire bénir les arbres par un prêtre. Chacun des invités est reparti avec un morceau de l’arbre. Pour la famille, la notion symbolique est très forte, « c’est un honneur pour nous de participer à la réédification de ce monument » exprime avec une certaine émotion l’une des propriétaires. C’est un honneur partagé par la petite commune de Ruffigné que de contribuer à la reconstruction d’un édifice qui est un véritable symbole planétaire autant de l’art religieux que de l’histoire de France. La forêt de Teillay (devenue forêt de Teillay-Ruffigné récemment) compte 2 300 ha, dont la moitié sur la commune de Ruffigné. Pour faire taire toute polémique éventuelle, Thomas de Baglion informe que « seulement trois arbres sont prélevés pour une belle cause. Le prélèvement n’aura aucun impact sur la pérennisation de la ressource ». De plus, gageons que le chêne Ruffignolais saura supporter le poids des ans aussi bien et même plus longtemps encore que les arbres d’origine qui dataient du XIIIè siècle.
JM Rinfray
NDLR - Les arbres de grosses dimen-sions doivent mesurer « 50, 60, 80 ou 90 cm de diamètre et de 8 à 14 m de hauteur, (...) ce qui correspond au fût de l’arbre, dans lequel le bois sera scié pour faire des pièces de charpente », préci-se l’expert forestier, qui évoque des arbres de 100 à 200 ans. Philippe Gourmain estime que « c’est un peu une histoire de France naturelle qu’on va utiliser pour refaire cette charpente historique ».
La phase de reconstruction de Notre-Dame n’a pas encore débuté, mais il est nécessaire d’anticiper, pour avoir le temps de scier et de faire sécher le bois.