Ecrit le 21 novembre 2007
Une centaine de personnes dans une petite commune de 723 habitants : ça fait beaucoup. Les habitants étaient convoqués à la mairie dans le cadre d’une révision du PLU (Plan Local d’Urbanisme), sachant que cette modification est destinée à permettre l’exploitation de deux carrières de sable.
Il s’agissait d’une réunion de « concertation ». Concertation est un bien grand mot. « Nous modifions le PLU pour limiter les zones concernées par les projets de carrière » prétendent les uns. « Dites plutôt que c’est pour les favoriser » disent les autres.
« La question du sable devient cruciale d’autant plus que les extractions en Loire sont interdites » dit le cabinet d’études qui présente le projet. [On va manquer de sable autant que de lait, bientôt !]
Zone humide
Il y a en effet deux projets d’extraction de sable au sud de la tourbière de Villeneuve sur la commune de Grand-Auverné en Loire- Atlantique.
Le projet « Lafarge » 76 ha.
Le projet « Brangeon » : 50 ha
Le 5 juillet 2007, le conseil municipal s’est prononcé favorablement pour ces deux projets et a donc prescrit une révision du PLU visant à classer les zones concernées en zone NAc (= zone naturelle carrières)
Les deux carrières seraient en proximité immédiate de la tourbière de la Bouve (Villeneuve) classée en ZNIEFF (intérêt floristique et faunistique) et également identifiée en tant que zone humide (on sait l’importance de ces zones dans les périodes de sécheresse que nous connaissons).
Dragueuse suceuse
Les projets de carrières :
Durée de l’exploitation : 30 ans
Tonnage de sable extrait en prévision : 425 000 tonnes par an
Méthode d’extraction par dragueuse suceuse. Ce qui explique la création de deux étangs où flotterait une plate-forme (une sur chaque étang) équipée d’une suceuse.
La méthode d’extraction qui a été retenue s’inspire du principe des vases communicants. L’eau aspirée en même temps que le sable est automatiquement rejetée dans l’étang. Pour 125 m3 de volume extrait, 20% d’eau est rejetée, 5% d’eau reste dans le sable. D’après les pré-études, cela suffirait à maintenir le niveau de la nappe. Le volume de sable extrait (+ 5% eau) serait compensé par la pluviométrie (apport de l’eau captée par le bassin versant de la tourbière).
Des riverains évoquent les conséquences potentielles sur les ruisseaux et nappes phréatiques (risque d’assèchement).
Poussières et bruit
Les riverains s’inquiètent aussi du bruit. Par exemple la carrière Lafarge ne sera qu’à 320 mètres du village de Villechoux. Certes il y aura plantation de haies vives et d’arbres de haute tige, mais ils ne poussent pas en une nuit !
Les riverains s’inquiètent encore du trafic des camions : un petit chemin va être considérablement élargi pour permettre l’accès à la D14 (entre Grand Auverné et Riaillé), mais la D 14 est étroite ! Un riverain se souvient : « Pour la carrière de Lambrun vous nous aviez écrit, sur un tract, que la petite route près de chez nous ne verrait ni un camion ni un tracteur supplémentaire. En réalité la route a été défoncée et il a fallu attendre et payer pour qu’elle soit réparée ». Le maire le reconnaît : « Il y a des impératifs » .
Emplois ?
Le projet de carrières créera-t-il des emplois ? Très peu : on parle de six emplois et rien ne précise qu’ils seront sur la commune. « Et la taxe professionnelle ira à la communauté de communes » dit le Maire en ajoutant « Nous pourrons demander à celle-ci de nous faire bénéficier du fonds de concours » .
Bien difficile de savoir qui est pour et qui est contre dans l’assistance. Les propriétaires de terrain vont louer ou vendre (on parle de 10 000 € l’hectare, ce qui est un bon prix en matière agricole). La Chambre d’Agriculture affirme que toutes les demandes de compensation des agriculteurs ont été prises en compte.
« Vous allez autoriser une carrière, à la veille des élections municipales. Et puis vous vous retirerez et c’est nous qui, pour 30 ans, allons en subir les conséquences » dit quelqu’un…..
L’enquête publique sur la modification du PLU va avoir lieu en mairie du Grand Auverné du 10 décembre 2007 au 10 janvier 2008. Ensuite les carriers déposeront leurs demandes de permis d’exploiter, avec étude d’impact et nouvelle enquête publique.
À suivre ...
Ecrit le 21 novembre 2007
6 tonnes de sable
Les Français consomment en moyenne 6,2 tonnes de sable par habitant et par an. (10 tonnes en Bretagne). Mais le sable n’est pas intarissable. La demande en béton est croissante et dans certaines régions, les carrières s’épuisent. L’importation du sable coûte excessivement cher : le prix double tous les 30 km.
Si la France a tant besoin de sable, c’est en partie parce que le recyclage du béton est très faible : à peine 10% alors que le secteur du bâtiment et des travaux publics produit 343 millions de tonnes de déchets (5,5 tonnes par habitant). Rien qu’en 2004, le Royaume-Uni et l’Allemagne produisaient environ 6 fois plus de granulats de recyclage que la France.