Ecrit le 3 octobre 2012
7 février 1886
Le 7 février 1886, à « une heure du soir », s’est créée la « bibliothèque populaire » de Châteaubriant, avec 28 adhérents présents sur 51 (la cotisation était de 10 francs). Le terme « populaire » recouvrait à l’époque un ensemble de bibliothèques disparates, mises en place au XIXe siècle, par un instituteur alsacien nommé Jean Macé, pour instruire les classes moyen-nes, en mettant à leur disposition, dans les meilleures conditions pécuniaires, les ouvrages nécessaires.
A noter qu’alors on n’imaginait pas que les classes populaires puissent trouver du plaisir à lire. Ce n’est en effet que vers 1880 que Jules Ferry fit adopter la laïcité, la gratuité, le caractère obligatoire de l’enseignement primaire et l’extension de l’enseignement secondaire d’Etat aux jeunes filles. Les gens du peuple étaient la plupart du temps illettrés.
A sa création la bibliothèque populaire de Châteaubriant a pour but de « faire appel au concours de tous les amis du progrès pour travailler par tous les moyens légaux au développement de l’instruction ». Le premier président en est Michel Grimault, assisté de deux vice-présidents MM. gémin et Lecot.
Vous ne réussirez pas
Neuf mois plus tard, les sociétaires de la Bibliothèque municipale, rappellent que « Ce n’est pas sans peine que nous avons pu vaincre les résistances que l’on rencontre à Châteaubriant comme dans toutes les petites villes de l’Ouest, à toutes les fois qu’on vient y implanter une œuvre nouvelle, surtout quand cette œuvre marque un pas en avant dans l’ère du progrès » () « Vous ne réussirez pas, disait-on. Rien ne dure à Châteaubriant, nous sommes lassés de donner sans obtenir de résultats. () Votre idée est excellente mais elle n’est pas viable car vous n’aurez pas de lecteurs » - « Donnez toujours, disions-nous, c’est ainsi que quelquefois rebutés, mais jamais lassés, nous avons en l’espace de quelques mois réuni des souscriptions s’élevant à plus de 1000 francs. Grâce à cette somme, grâce au concours du Conseil Municipal qui nous a permis de puiser dans les volumes laissés par MM. de la Picardière et Goudé, et qui nous a voté 100 francs pour leur restauration, nous avons pu mettre le 28 mars 1886, huit-cents volumes à disposition du public, offrant ainsi aux familles aisées et aux ouvriers une distraction saine et utile »
La Bibliothèque s’installe alors au premier étage du magasin de confection de M. Combet, rue « municipale » (actuelle Rue Michel Grimault), à peu près au niveau de l’actuelle Caisse d’Epargne.
En 1887 le comité de la Bibliothèque constate que les lecteurs ne s’intéressent pas à l’histoire et aux sciences mais préfèrent les romans : Dumas, Daudet, Balzac, Erckmann et Chatrian. En 1888 il y a 1094 volumes dont 247 d’histoire et 158 de sciences. En 1891 il y a 1784 livres puis 2183 en 1894, et 2466 en 1897 mais seulement 21 lecteurs !
Le 22 janvier 1920, le maire Ernest Bréant accepte le don à la ville de la Bibliothèque Populaire de Châteaubriant qui devient ainsi Bibliothèque Municipale. Elle a alors 3300 volumes. Sa présidente est Mme Ernest Bréant, femme de grande culture. Joseph Chapron en est vice-président et le Docteur Laurans est secrétaire tandis qu’Arsène Brémont porte le titre de « secrétaire à la propagande » ! La Bibliothèque est ouverte tous les dimanches de 13 h à 15 h.
En 1922, il est décidé le prêt gratuit d’ouvrages « aux élèves studieux et soigneux des écoles publiques ».
En janvier 1955, la Bibliothèque s’installe au rez-de-chaussée de la mairie : elle y sera jusqu’Ã la fin de 1967, année où elle s’installe dans la « Tour des Gendarmes » au Château, où elle restera jusqu’Ã l’ouverture de la médiathèque intercommunale le 13 juin 2006.
51 579 documents
En 1960, le cahier du Comité de la Bibliothèque signale que « des lecteurs de haute culture de passage en notre ville, ont souvent manifesté leur surprise de la richesse de documentation de la Bibliothèque qui n’en conserve pas moins son caractère de Bibliothèque Populaire ». Cette année-là il y a 6700 ouvrages, il est lu 7200 livres par an par 475 lecteurs assidus.
En novembre 1965 la Bibliothèque est riche de 8000 ouvrages.
En octobre 1964 le comité décide de « satisfaire gracieusement aux demandes des ouvrages pour les personnes dont il connaîtra la modicité des ressources ».
Au 31 décembre 2000, la Bibliothèque Municipale de Châteaubriant comporte 43 023 ouvrages (sans compter le fonds ancien). Elle a prêté 63 446 livres dans l’année à 2032 lecteurs inscrits (et 94 cartes de collectivité)
Au 31 décembre 2011, toujours sans le fonds ancien, la médiathèque de Châteaubriant comportait 51 579 documents (dont 22 921 livres pour adultes, 13 050 livres pour enfants, 5951 CD, 2312 DVD, 669 ouvrages d’histoire locale et 6676 documents divers proposés aux écoles). Elle a prêté 128 461 livres dans l’année à 3879 lecteurs inscrits (et 182 cartes de collectivité). C’est dire son succès. Et il faudrait y ajouter l’attrait des bibliothèques des 18 autres communes de la Com’ Com’, organisées en réseau.