Ecrit le 3 octobre 2012
L’usine de méthanisation d’Issé va être inaugurée le 15 octobre 2012. Il y aura des visites guidées entre 16 h et 18 h.
Cette installation de méthanisation est construite sur le site de Grand Lande à Issé à proximité de l’usine Sarval (groupe Saria) et de l’usine Alva (fondoir de graisses). Son objectif : valoriser les déchets en fournissant de l’électricité à EDF et de l’eau chaude à Sarval et à Alva. La méthanisation produit aussi des résidus, appelés « digestats » qui feront l’objet d’épandages et d’un traitement approprié à la production d’un terreau labellisé, pour la partie solide. La construction regroupe plusieurs partenaires : la société Saria, la coopérative agricole Terrena, l’abattoir Castel-Viandes et la société Verdesis (EDF).
Les 58 600 tonnes de déchets à valoriser viendront :
- - de la société Saria : 30 000 tonnes
- - d’apports agricoles : : 21 000 tonnes
- - de Castel-Viandes : 5 500 tonnes
- - d’apports de collectivités : 2 100 tonnes
L’usine fonctionnera 365 jours par an, 24 heures sur 24. Elle recevra des déchets sous différentes formes :
- - camions-citernes pour les produits liquides (graisses et boues)
- - camions type « collecte porte-Ã -porte » pour les produits issus de la restauration, des commerces de détail et des collectivités.
- - Camions-caissons pour les produits agro-alimentaires.
Les produits liquides seront déchargés par pompage. Les matières solides seront déversées dans des trémies d’alimentation situées dans le hall de réception. Celui-ci est théoriquement fermé par des portes dont l’ouverture et la fermeture sont asservies à l’ouverture et à la fermeture des trémies.
Une enquête publique s’est déroulée du 6 septembre au 6 octobre 2010 et n’a recueilli que 25 observations sur les sept communes concernées. Une réunion publique a eu lieu le 16 septembre 2010. Principales observations : l’augmentation du trafic des camions dans le bourg d’Issé, et les odeurs. Le commissaire-enquêteur a retenu la première, mais, en ce qui concerne les odeurs, il estime que « les mesures et précautions prises dans l’élaboration du projet et dans le déroulement du » process « mis en œuvre, permettront de supprimer tout risque de nuisance olfactive ».
Et pourtant, des habitants regroupés dans l’association « Issé Bien-Etre » s’inquiè-tent en constatant que l’usine de méthanisation de Montpellier (récente puisque construite en 2008 et réouverte en avril 2012 à la suite d’un incendie de septembre 2010) produit toujours des nuisances olfactives.
A Passel, dans l’Orne, le conseil municipal du 5 février 2010, relève « les nombreuses plaintes émanant des habitants de la commune et des entreprises de la Zone d’activités de Passel, et la présence d’odeurs apparaissant la journée mais surtout la nuit et le week-end avec une absence de personnel sur le site ».
Par ailleurs l’arrêté méthanisation du 10 novembre 2009, dans sa partie 1 (article 29) évoque la question des odeurs autour des unités de méthanisation en disant : « Pour les installations nouvelles susceptibles d’entraîner une augmentation des nuisances odorantes, l’étude d’impact inclut un état initial des odeurs perçues dans l’environnement du site selon une méthode décrite dans le dossier de demande d’autorisation. Dans un délai d’un an après la mise en service, l’exploitant procède à un nouvel état des odeurs perçues dans l’environnement selon la même méthode. Les résultats en sont transmis à l’inspection des installations classées au plus tard dans les trois mois qui suivent ».
Bé oui, ya des odeurs
Bon, mais à Issé, y a-t-il des odeurs ? Selon l’entreprise, non, bien sûr. Mais les habitants d’Issé, de temps en temps, ressentent ces fameuses odeurs (enfin, pas si fameuses !) mais se taisent car ils ne veulent pas de vagues : l’usine procure 140 emplois. Des commerçants, qui se plaignaient ont été accusés de vouloir faire fermer l’usine. Dans certains villages extérieurs, voire sur les communes de Louisfert et St Vincent des Landes, des odeurs froides, piquantes, ont été relevées en juin, juillet, août. « Une odeur de mort, une odeur de carcasses brûlées que l’homme ne supporte pas. Les chevaux, eux-mêmes, baissent les oreilles ! ».
Le Conseil Municipal d’Issé, s’en est saisi mais chûûût cela ne figure pas au compte-rendu officiel !
D’où viennent ces odeurs ?
D’où viennent ces odeurs ? De l’usine Valdis ou de Sarval ou de Alva ? Finalement on n’en sait rien : elles sont côte à côte. Mais on dit que, chez Valdis, le hall de réception des déchets solides est trop court et que, le temps du déchargement des camions, il faut laisser les portes ouvertes. Et ça pue !
On dit que les biofiltres de Sarval sont en mauvais état. Le pin qui les compose est quasiment pourri, ne filtrant plus les gaz. Et ça pue, surtout quand le lavage chimique préalable est mal suivi. Alors il faudra remplacer les filtres, cela prendra quelques semaines, et pendant ce temps-là les odeurs iront chatouiller les narines des riverains.
On dit aussi que le biofiltre de l’usine Valdis est très peu performant. Au point qu’on peut même se demander s’il a été installé. Et ça pue !
On dit encore que, au moins six fois cet été, les cuves recevant les produits liquides, ont débordé. Les liquides se sont donc déversés dans les bacs de rétention aménagés autour des cuves, jusqu’Ã 40 ou 50 cm de haut. Et comme ils sont ouverts, ça pue ! Ah, c’est vrai, l’usine est sous télésurveillance mais les moyens les plus modernes ne permettent pas toujours de parer à toute éventualité !
Alors que faire ? Il serait possible d’installer un nez électronique pour réaliser un suivi en continu des odeurs émises par l’unité de méthanisation et permettre à l’exploitant d’optimiser en temps réel ses opérations et son procédé. Mais cela n’empêche pas vraiment les odeurs !
Et d’autres choses
On dit également que les résidus liquides, destinés à l’épandage, sont transportés par camions et cuve à lisier mais ne sont pas pesés au départ de Valdis. Peut-être qu’ils dépassent les 40 tonnes Les routes et les ponts sur le Don vont ils supporter cela longtemps ? Qui paiera les dégradations du bien public ?
On dit enfin que l’électricité produite par l’usine Valdis est bien revendue à EDF mais que l’eau chaude produite ne sert pas à l’usine Sarval. Malfaçon ?
Et ne parlons pas des autres risques, comme le risque d’incendie. A l’usine de méthanisation de Benet (Vendée), il y a eu incendie du digesteur, la membrane (demi-ballon) détruite, une personne brûlée au second degré aux mains (en se protégeant le visage). Sur le site d’Issé, il y a eu aussi un incendie dans la nuit du 29 au 30 août.
Cela fait bien des questions tout cela ! Pour y répondre, et vérifier que l’industriel respecte bien les obligations qui lui sont imposées, il serait possible de créer une CLIS (commission locale d’information et de surveillance), selon l’article L 125-2-1 du code de l’environnement. C’est le seul moyen dont disposent les habitants pour faire pression. « Nous ne voulons pas la fermeture de l’usine, nous voulons seulement qu’elle respecte les règles » disent
des habitants. Les CLIS, présidées par le préfet, sont composées de quatre collèges paritaires : administration, exploitant, mairie et associations de protection de l’environnement.
Le préfet peut créer une CLIS si une municipalité, dans le périmètre concerné, le demande ! Chiche !
La plaquette de Valdis-méthanisation
Note du 19 octobre 2012
Dans Ouest-France de ce jour, on peut lire :
« Cet été, j’ai été maintes fois sollicité par des riverains se plaignant d’odeurs qu’ils attribuaient au site regroupant les activités de Sarval et de Valdis, ou à des épandages en émanant. Afin que toutes les parties concernées puissent s’asseoir autour d’une table, j’ai sollicité le préfet début septembre, pour qu’il mette en place une commission de suivi de site, comme l’autorise la loi », explique Michel Boisseau.
Le préfet a pris la décision de constituer cette commission. Lors de sa dernière séance, le conseil municipal a désigné les élus qui y siégeront : Dominique Conand, Marie-Odile Guittet, Michel Ouairy, Hans Weinans et le maire, Michel Boisseau. Des représentants de l’État, les exploitants des installations, des salariés et aussi des riverains feront partie de cette commission, qui a l’obligation de se réunir au moins une fois par an.
« Il s’agit avant tout de faire officiellement les choses, afin que le dialogue s’établisse, que les droits et devoirs de chacun soient respectés. » La mise en place de cette structure devrait se faire rapidement.
Enfin il est rappelé qu’un numéro est à disposition des personnes qui auraient à se plaindre de nuisances olfactives ou autres attribuées au site Sarval-Valdis : 06 32 05 42 82.