Ecrit le 3 juin 2015
Deux hommes, deux femmes, quatre engagements
(extraits du discours de Fr.Hollande le 27 mai 2015, pour l’entrée au Panthéon de Jean Zay, Pierre Brossolette, Germaine Tillion, Geneviève De Gaulle/Anthonioz).
Jean Zay
Jean ZAY, c’est la République. La République parlementaire dont il est l’un des plus talentueux représentants ; il y siège à l’âge de 27 ans. La République laïque, qu’il défend comme ministre de l’Education, en rappelant, par voie de circulaires que « les écoles doivent rester les asiles inviolables où les querelles des hommes ne pénètrent pas ». La République sociale, qu’il considérait comme l’aboutissement du chemin vers l’égalité. La République émancipatrice qui travaille inlassablement à promouvoir l’accès de tous au savoir, à la connaissance, à la culture, à tout ce qui est beau et qui élève l’esprit autant que les conditions, qui donne une âme à la conscience commune. Assassiner Jean ZAY, c’était pour ses meurtriers, profaner la République.(...)
Pierre Brossolette
c’est au nom de la liberté que Pierre BROSSOLETTE s’est convaincu, lui l’apôtre d’Aristide BRIAND, le pacifiste, l’européen, que la guerre et la force, étaient le prix de la sauvegarde de l’essentiel. c’est la liberté qui lui avait donné la lucidité de s’élever contre le fascisme, contre le nazisme, contre le totalitarisme. c’est la liberté qui avait fait de lui un anti-munichois contre le lâche soulagement. c’est la liberté, la liberté toujours qui le poussa à unir la Résistance intérieure autour des réseaux et des mouvements, et pas des partis politiques.
() C’était un Français libre au point de négliger les consignes de Londres parfois. C’était un socialiste libre au point de travailler au dépassement de sa propre formation politique. C’était un gaulliste libre au point de braver l’autorité du Général DE GAULLE en considérant qu’une conscience peut toujours parler d’égal à égal à une autre conscience.
Germaine Tillion
Entendons aussi Germaine TILLION nous prévenir : « il n’existe pas un peuple qui soit à l’abri d’un désordre moral collectif ». Elle s’est attachée à en com-prendre les causes. Historienne des camps nazis, elle en avait décrypté les logiques intrinsèques. Ethnologue de l’algérie, elle avait anticipé ce que la colo-nisation allait produire. Scientifique émérite, elle avait analysé les enchaî-nements des servitudes, des soumissions, des exploitations. Elle voulait comprendre pour porter l’idée lumineuse de l’Humanité. c’est au nom d’une Humanité blessée qu’elle est solidaire des peuples victimes. c’est au nom de l’Humanité oubliée qu’elle est aux côtés des opprimés, des minorités, des réprouvés. c’est au nom de l’Humanité humiliée qu’elle s’élève toujours pour l’émancipation, la dignité, l’égalité des femmes.
Geneviéve Anthonioz-De Gaulle
En République, la compassion s’appelle Fraternité. c’est au nom de la Fraternité que Geneviève DE GAULLE-ANTHONIOZ voulait inscrire dans le marbre de la loi le droit à la dignité. Geneviève DE GAULLE-ANTHONIOZ s’était convaincue à Ravensbrück que ce qui reste à un être affamé, épuisé, battu, c’est son identité. Elle avait compris que, ce que voulaient les Nazis, en mettant les déportés dans la boue, c’était les confondre, les réduire à la boue. Elle avait saisi, dans la nuit qu’elle avait traversée, qu’il suffisait d’un regard, d’une main, d’un sourire pour que l’espoir revienne. () Elle utilisera son nom, DE GAULLE, comme un drapeau pour éradiquer les bidonvilles, pour mobiliser le peuple du Quart-monde, pour lancer à son tour elle-même son appel contre la pauvreté, la misère, l’exclusion. Elle lève elle aussi une armée, une armée des ombres : celle des pauvres, pacifique, exigeante, prête en-core aujourd’hui à demander ses droits.