Ecrit le 18 mai 2016
Un boulanger oui, pas un terminal de cuisson
c’est chouette la vie dans une petite commune mais c’est un souci aussi quand il faut se déplacer pour acheter les aliments de base : la boulangerie, l’épicerie. Les plus jeunes, quand ils vont travailler à l’extérieur, font leurs courses dans les grandes surfaces commerciales avec l’illusion de trouver des produits moins chers et l’épicier du coin, quand il existe, doit se contenter de ventes de dépannage : une boite d’allumettes de temps en temps ou un paquet de sel. Comment tenir un commerce dans ces conditions ? Et comment faire vivre une commune, sans commerce ? c’est la question qui se pose, par exemple, au Grand Auverné, 807 habitants selon les derniers chiffres officiels. Il y a des commerçants (coiffure), et des artisans (garage, élagage, etc), mais un seul commerce alimentaire, Vival, dont la gérante partira en retraite d’ici 2 à 3 ans.
La commune a donc un projet de boulangerie-épicerie que la Chambre de Commerce a jugé viable. La municipalité a acquis le commerce « chez Céline » (ancien café-restaurant). Pour diminuer les frais de démolition, les élus ont retroussé les manches. l’architecte retenu est Gilbert Masson de Châteaubriant. La propriété Marceteau, servira à créer un parking de 15 à 20 voitures avec l’entrée rue de Riaillé et la sortie rue du Treuil. dépenses totales : 550 000 € TTC (dont 300 000 € de subventions). Le bâtiment offrira le commerce au rez de chaussée et un logement de 80 m2 à l’étage. Les loyers paieront le remboursement des emprunts que devra faire la commune.
Photo : Future boulangerie-épicerie
La commune a reçu cinq offres de candidature pour ce commerce qu’elle espère ouvrir pour avril 2017. Jérémie Verhelst est boulanger depuis 15 ans et depuis 2 ans responsable boulanger dans un hyper, pain frais non congelé. Son épouse, Christelle, formation d’esthéticienne, a été autoentrepreneur, mais aussi vendeuse dans divers commerces, dont une boulangerie.
L’idée pour l’épicerie est de proposer une sorte de « drive ». Par exemple une fois dans la semaine, les clients auraient la possibilité de déposer une liste de courses, que l’épicière irait chercher à Châteaubriant. Le soir les personnes trouveraient leurs produits sans le stress de la foule et le temps perdu à arpenter les rayons.
La future épicerie pourra-t-elle conserver l’appellation Vival ? En tout cas cela ne l’empêchera pas de voir avec les producteurs du secteur pour privilégier les circuits courts et les produits locaux. Selon une enquête menée auprès des habitants, la population souhaite du pain fait sur place et pas un terminal de cuisson.
Après ? Cela dépendra de l’attitude des habitants : viendront-ils soutenir ce commerce ? Cela dépendra aussi de l’esprit de service du jeune couple de commerçants.
L’épicière du Vival, Mme Delaunay, précise que « Sans le projet de boulangerie-épicerie de la commune, le magasin Vival aurait sûrement obtenu un renouvellement de son contrat avec Casino. Ce n’est pas de gaîté de cœur que j’ai accepté la fermeture de mon commerce. Je vais être obligée de chercher un autre emploi. » « Je tiens mon commerce depuis vingt-deux ans, il me reste quatre ans à faire. Ma volonté m’a permis de surmonter les difficultés avec l’aide de mes clients » - « mais dans une commune de 800 habitants, un commerce de proximité n’a pas lieu de fermer. »