Ecrit le 8 février 2017
Le 26 janvier 2017, devant la plaque commémorative de la place Charles de Gaulle, Roland Feuvrais a donné la parole à ceux qui sont morts pour la liberté et dont les noms figurent sur la plaque. « Il n’est jamais inutile de se ressourcer au courage des combattants » disait George Semprun.
Ecoutons-les, écoutons ces paroles de déportés et Fusillés.
Nous, amicalistes de toujours, qui portions le flambeau de la laïcité, nous, membres, adhérents, dirigeants, joueurs accompagnateurs, sympathisants, nous : Alfred BIGNON, Jean FICHOUX, Robert GLAIN, Jean GOTH, François LAGUILLEZ, léon LEMARRE, Pierre LERAY, Auguste MORANTIN, nous qui militions pour un idéal de fraternité et de liberté, c’est à vous que nous parlons, hommes, nous parlons d’homme à homme, avec le peu de voix qui nous reste ... notre sang est sur les routes, puisse-t-il ne pas crier vengeance.
Un jour viendra, c’est sûr, de la soif apaisée, nous serons au-delà du souvenir. La mort aura parachevé les travaux de la haine.
Nous, famille SINENBERG, Marcelle et Marcel, René et Jean, sachez que nous avions un visage comme vous, une bouche qui riait comme vous. Quand une poussière ou bien un songe entrait dans l’oeil, cet Å“il pleurait un peu de sel. Et quand une épine mauvaise égratignait notre peau, il y coulait un sang aussi rouge que le vôtre.
Tout comme vous, nous Francis ERMOUIN, Louis DENIEUL, Robert GATINEAU, Francis GUINEL, anciens élèves de l’Ecole des Terrasses, jeunes enrôlés dans les FFI, nous étions parfois cruels, nous avions soif de tendresse, de plaisir, de puissance peut-être, mais aussi accablés de malaises, et de douleur
Nous, André BEAUSSIER, Georges DUMAZEAU, Marcel BLAIS, Robert PLASSAIS, membres du comité directeur de l’amicale laïque cheminote, ardents défenseurs de la laïcité, nous étions parfois angoissés jusqu’Ã être méchants peut-être, mais solides dans la paix, ivres dans la victoire et titubants, hagards voire désemparés à l’heure de l’échec.
Nous, Pierre MORVAN, André DEMILT, Pierre GUY et toi Jean, membres des équipes de football de l’amicale, nous avons été hommes comme les autres, hommes nourris de pain, de rêve, de désespoir Et, comme vous, nous avons pleuré, nous avons haï, nous avons souffert. Mais comme vous le dimanche, nous allions parfois pêcher dans le soleil des poissons irréels ; nous allions nous baigner dans la rivière qui chantait au milieu des champs. Le soir, le cœur las et plein de solitude, cherchant en vain cette paix impossible, nous allions nous coucher dans un grand verger où fleurissait au centre l’arbre de vie.
Nous, Maurice FOURRIER, ancien élève du Cours Complémentaire des Terrasses, tombé sous les balles du peloton d’exécution, Marcel VIAUD ancien instituteur public des Terrasses fusillé au Bêle à Nantes, Max VEPER avocat sauvagement abattu dans une rue de Nantes, notre camarade Henri LEON le joueur de rugby, tué en captivité et le jeune GUITTON âgé de 20 ans, tué à Saint-Étienne de Montluc, comme vous, nous avons lu des journaux, des bouquins et nous n’avons rien compris au monde !
On nous prend les gars
les uns après les autres.
Je n’entends plus rire sous ma fenêtre, des rires que je connaissais
le soleil ne parvient plus à être gai
ni moi ...
écrivait en 1943 le poète résistant Max JACOB à Marcel BEALU.
Un jour viendra c’est sûr, de la soif apaisée, nous serons au-delà du souvenir
Un jour viendra, sans doute, quand le poème lu se trouvera devant vos yeux ...
C’est à vous que nous parlons, hommes, nous parlons d’homme à homme avec le peu de voix qui nous reste. Souvenez-vous seulement de nous, dont les 29 noms sont gravés sur cette plaque, nous les 29 martyrs tués à l’ennemi, fusillés ou disparus en déportation, nous étions innocents comme tous ceux qui tombèrent pour que la France redevienne libre.
Souvenez-vous que, tout comme vous, mortels de ces jours-là , nous aussi nous avions un visage marqué par la colère, par la pitié parfois, par la soif de justice et par la joie.
Souvenez-vous que, nous qui militions pour un idéal de fraternité et d’amour de la liberté, nous avions un visage d’homme, de femme, d’enfant ... tout simplement.
(dit par R.FEUVRAIS)
Photos : C.Le GLANIC
Texte écrit par Roland Feuvrais, à partir du « Poème en prose » de Benjamin FONDANE, avec des éléments empruntés aux aux articles de G. CHANTEUX et de M.ROUSSEL parus dans Le Populaire de l’Ouest en juin 1947.
Benjamin FONDANE, écrivain juif roumain installé à Paris en 1923. Citoyen français. Arrêté en mars 1944, interné à Drancy, déporté en Haute-Silésie le 30 mai 1944 gazé à Birkenau le 3 octobre 1944.
Texte complet du poème de Benjamin Fondane
Voir aussi :fraternité
Ecritle 8 février 2017
Korematsu
Au moment où Donald Trump, aux USA, ferme toutes les frontières de son pays aux réfugiés et aux immigrants des pays à prédominance musulmane, des manifestations de protestation ont lieu partout dans le monde. c’est le moment de se souvenir de Fred Korematsu, né le 30 janvier 1919 qui disait : « Si vous avez le sentiment que quelque chose ne va pas, n’ayez pas peur de parler ».
Au moment de la seconde guerre mondiale, le président Franklin D. Roosevelt avait émis le décret présidentiel 9066, autorisant le secrétaire de la Guerre à faire interner tous les résidents d’origine japonaise habitant la « zone d’exclusion de la côte ouest ». Fred Korematsu fut capturé le 30 mai 1942, puis inculpé en cour fédérale. Le jugement lui étant défavorable, il porta la cause en cour d’appel mais le verdict fut maintenu. Il se tourna alors en ultime recours vers la Cour suprême qui rendit sa décision le 18 décembre 1944, confirmant l’internement forcé.
La commission spéciale d’enquête mise sur pied par le président Jimmy Carter en 1980 désavoua les conclusions de la Cour suprême. Elle établit que la décision de déplacer les individus d’origine japonaise dans des camps de prisonniers s’expliquait par « le préjugé racial, l’hystérie de guerre et les ratés du leadership politique », non par des nécessités de défense. La condamnation de Korematsu fut renversée en 1983. Le président Bill Clinton décora Fred Korematsu de la médaille présidentielle de la Liberté en 1998.
Ecrit le 16 octobre 2019
Dans le petit matin
Dans le petit matin gris on les a arrêtés
Dans le train qui les transportait
Ils pleuraient, priaient, se soutenaient
Se tenant par la main de peur d’être séparés
Pendant ces mois plus longs que des années
En haillons, courbant la tête, ils ont tenu
Pensant que le monde les avait oubliés
Beaucoup sont morts, peu sont revenus
Quand vous les rencontrez, ils posent sur vous un regard si doux
Ils racontent leur enfer, par pudeur ils ne disent pas tout
Dieu fasse qu’il en reste toujours un pour témoigner
De la folie des hommes, et que cela ne puisse recommencer
A lire ce texte, on sent toute la force des mots et l’émotion qui se dégage. Ce sentiment est amplifié quand la lecture se fait au pied de la stèle de Fercé par une élève de l’école et son enseignante devant une assistance attentive et recueillie. Ce moment est possible par les volontés réunies au sein de l’association des Résistants déportés, qui inclut les communes de Fercé, Rougé et Soulvache. Dans ce temps où, ici, il n’en reste plus « un pour témoigner », il importe que le flambeau de la mémoire ne s’éteigne pas et soit repris par des individus et des collectifs, persuadés de l’importance de cette mission.
l’assemblée Générale de l’association des Résistants déportés de Fercé-Rougé-Soulvache réaffirme cet engagement par l’organisation de la cérémonie 2020, la participation à des actions de témoignage tout au long de l’année et la disponibilité de ses membres à intervenir notamment dans les écoles. « Avec nous, se mobilisent les collectivités locales, les personnes qui entretiennent la stèle et accomplissent des tâches discrètes mais indispensables. qu’ils en soient ici remerciés ».
En 2020, la cérémonie aura lieu le 19 Avril 2020
Commune d’accueil : FERCE
1940 : entrer en Résistance
Chaque automne, le Musée de la Résistance de Châteaubriant présente une nouvelle exposition temporaire, dont le sujet est issu du Concours National de la Résistance et de la déportation, coordonné par le Ministère de l’Education nationale.
« 1940, ENTRER EN RÊSISTANCE ? »
L’entrée en guerre, la débâcle et la sidération des Français sont évoqués ainsi que le sentiment d’abandon provoqué par la ’drôle de guerre’ voulue par pétain, en 1940. L’exode, les réalités de l’0ccupation et la fin de la République, la collaboration, les appels à la Résistance de l’été 40. les répressions de Vichy et du Reich sont présentés avec la Résistance pionnière, les premiers réseaux, comme la volonté de sauver le patrimoine culturel français.
Exposition présentée à l’étage du musée jusqu’au 10 octobre 2020
l’association des Amis du Musée de la Résistance est heureuse de vous convier à l’inauguration de sa nouvelle exposition :
Le samedi 19 octobre 2019 à 17h
Un hommage sera rendu à Louis Tardivel, résistant FTP, administrateur du musée, décédé le 15 août 2019.
Site internet : voir le site musee-resistance-chateaubriant
on y trouve notamment le programme des commémorations des 19-20 octobre 2019.