Ecrit le 30 octobre 2019
Samedi 19 octobre a été inaugurée, au musée de la Résistance de Châteaubriant, une nouvelle exposition annuelle. Encore une fois le collectif Histoire a fait un travail remarquable avec des documents intéressants bien mis en valeur par le cabinet Zoan.
« Entrer en Résistance ? »
Aujourd’hui encore on peut s’interroger : et nous qu’aurions-nous fait en 1940 ? A l’époque, ceux qui sont entrés en résistance ne se sont pas nécessairement posé la question : ils ont réagi et agi en conséquence presque immédiatement. Beaucoup d’entre eux ont dit : « il fallait faire quelque chose ». Leur patrie, leurs droits, leur liberté étaient bafoués. Agissant dans l’ombre, cette armée clandestine interfère insidieusement dans les affaires allemandes nazies. Mais tous n’ont pas choisi cette voie…
D’autres Français ont accepté la collaboration et l’occupation du pays signant la fin d’une guerre mais aussi la fin de la République française. Un nouvel Etat, un nouvel ordre s’établissent. Un ordre, un quotidien remis en cause par l’agissement de quelques résistants. Un équilibre fragile, menacé, tiraillé entre d’un côté les partisans de la collaboration et de l’autre les défenseurs des droits de l’homme et du citoyen. La situation géopolitique est instable, voire même critique. La délation cause beaucoup de dégâts. Le climat en France est sous tension, on se méfie de l’autre, de son voisin.
La réponse allemande est formelle et brutale. Qui ose porter atteinte à l’autorité, se voit réprimer sévèrement. Arrestations, menaces, tortures, exécutions sont les principes de la répression allemande.
La première exécution massive d’otages en France bouleverse les attitudes. Le 22 octobre 1941, 48 hommes sont fusillés à Nantes, Châteaubriant et en région parisienne. L’écho est retentissant. Des Français prennent alors conscience du drame qui vient de se jouer. Des innocents ont été abattus en représailles à l’exécution d’un officier allemand. Les mouvements de résistance s’intensifient à partir de cette période et ne cesseront jamais jusqu’à la Libération.
Résister aujourd’hui ?
Résister aujourd’hui, c’est entretenir le souvenir de ces hommes sacrifiés pour la liberté. Ne pas oublier… et ils étaient nombreux présents à l’inauguration de cette nouvelle exposition.
S’interroger sur l’entrée en résistance 1940 c’est suivre le parcours d’hommes et de femmes pris dans ces événements qui les dépassent mais sur lesquels ils veulent malgré tout avoir prise. C’est partager leur volonté de ne pas renoncer et de ne pas céder à l’adversité alors même que la défaite est présentée comme définitive. C’est prendre conscience du courage nécessaire pour s’engager dans une voie forcément risquée et à l’issue incertaine. C’est aussi comprendre les difficultés de l’engagement, les interrogations, les hésitations ou les inquiétudes de celles et de ceux qui franchiront le pas ultérieurement, faute d’avoir osé ou pu le faire plus tôt. C’est enfin rendre hommage à ces pionniers, du général dissident au paysan insoumis, en passant par la militante antifasciste ou le patriote nationaliste, qui payèrent souvent de leur vie le fait d’avoir défendu plus tôt que leurs compagnons de lutte et d’espérance, la liberté et l’honneur de la France
(dit Eric Brossard en introduction du livret de l’exposition).
Plan de l’exposition
● Une défaite inéluctable, incroyablement rapide
● une tragédie humaine
● l’effondrement général et les premières exactions. Ainsi en Picardie, en Bourgogne, à Chartres ou à Valence, des soldats sont massacrés parce que noirs. Entre 1500 et 3000 prisonniers noirs sont séparés des blancs avant d’être fusillés à l’écart.
26 novembre 1940 Alfred Rosenberg prononce un discours à Paris, au Palais Bourbon siège de l’Assemblée nationale, déclarant la fin de l’ère démocratique ouverte par la Révolution de 1789 et proposant au monde le racisme comme mythe du nouveau millénaire. La soumission du pays aux volontés et aux besoins du vainqueur entraîne les premiers refus tandis que la France, démantelée, vit à l’heure allemande.
● A la défaite militaire s’ajoute un véritable effondrement politique. La République française est remplacée par l’État français, un régime antirépublicain, antidémocratique et réactionnaire. Vichy, régime xénophobe, collabore avec les nazis dans la chasse aux Juifs.
● Les premiers appels sont les prémices de la Résistance. Charles Tillon et Edmond Michelet le 17 juin, le général de Gaulle le 18 juin. Pour celui-ci la résistance ne peut être que militaire et hors du territoire métropolitain. En créant la France libre, le général de Gaulle poursuit plusieurs objectifs : reconstituer un embryon d’État, reonstituer une armée française, obtenir le ralliement des territoires colonisés formant « l’Empire français ».
● Le Troisième Reich entend entièrement contrôler la France et mettre son économie au service de l’Allemagne. Des mesures de répression sont immédiatement mises en place contre les étrangers, les opposants politiques, les syndicalistes, (décret Daladier) ,les francs-maçons.
● Beaucoup de Français nourrissent de profonds sentiments patriotiques et ne peuvent croire à l’impossibilité pour le pays de se relever, de se révolter. En 1940 la résistance n’existe pas encore, elle est à inventer, à construire, pour ne pas courber l’échine sous le joug de l’occupant.
● La résistance pionnière : Juin 40 Jean Moulin préfet d’Eure-et-Loir refuse de signer un document accusant des soldats sénégalais de l’armée française de massacres de civils en réalité mitraillés par l’aviation italienne. Torturé il tente de se trancher la gorge. Il est révoqué par Vichy le 2 novembre 1940
De nombreuses actions se mettent en place pour contrecarrer la propagande de Vichy et de l’occupant, pour porter secours aux prisonniers de guerre, pour mettre en place des filières d’évasion et déjà des sabotages.
● Divisés ou dissous, les partis antifascistes et les syndicats ouvriers subissent les conséquences de la défaite. Le journal de la CGT (U) reparaît pour dénoncer les actions de l’Etat français et de l’occupant. Les militants socialistes rejoignent des réseaux et mouvements de résistance divers. Malgré la ligne politique attentiste affichée par la direction du Parti Communiste, de nombreux militants et dirigeants reconstituent un appareil clandestin qui sera, par la suite, le fer de lance de la frésistance populaire.
● Le monde de la Culture refuse le pillage culturel, Yves Cosson, René Char, René-Guy Cadou, Max Jacob publient des poèmes traduisant le désarroi mais aussi l’espoir qu’ils mettent dans leur refus de voir la France occupếe et pillée.
Pour découvrir l’exposition, rendez-vous au Musée de la Résistance ouvert en visite libre les mercredis et samedis de 14h à 17h, ou du mardi au vendredi pour les groupes uniquement sur réservation.
Pour emprunter l’exposition, et les expositions précédentes, informations et réservations au 02.40.28.60.36 ou par mail contact.musee.resistance@orange.fr
Soirée mémoire
Le 19 novembre avec Ouest-France et France Bleu aura lieu une soirée mémoire au Théâtre de Verre à Châteaubriant
- Le spectacle des enfants
Ecrit le 13 novembre 2019
souvenirs
19 novembre
France Bleu Loire Océan, Ouest-France et Presse Océan vous convient, en partenariat avec l’association des Amis du Musée de la Résistance et la Ville de Châteaubriant
à une soirée inédite
« Châteaubriant, les derniers secrets de l’entrée en résistance »
Qui aura lieu le mardi 19 novembre 2019 à 18h30
au Théâtre de Verre , place Charles de Gaulle 44110 CHATEAUBRIANT
avec la présence d’historiens, d’enseignants et de chercheurs.
Gratuit - inscription obligatoire
voir le site musee-resistance-chateaubriant.fr
Durant la soirée, la parole sera donnée à quatre invités qui reviendront sur l’histoire de la résistance, particulièrement sur le territoire. En complément, des séquences filmées seront projetées avec la participation de témoins, dont la parole sera illustrée d’archives historiques.
Le tournage sera en partie réalisé à Châteaubriant à la Carrière, par un journaliste de France Bleu Loire Océan.
Enfin deuxième et dernière partie, le public pourra intervenir, réagir, témoigner, poser des questions ...
Ne tardez pas à vous inscrire …
Répression … … déportation
Déporter fut une des méthodes de la répression nazie, celle qui fit le plus de victimes en France occupée entre 1940 et 1944. Déportation dans des convois de mille personnes, petits convois, fusillades dans les camps, ce fut un vaste transfert forcé de milliers de personnes vers les prisons et les camps du Reich. Les travaux récents des historiens ont permis de mieux comprendre les processus mis en œuvre et de définir des politiques de déportation. Thomas Ginsburger-Vogel s’appuiera sur l’analyse des biographies des déportés de Loire-Atlantique conduisant à la création d’un « Mémorial des Déportés » pour tenter d’éclairer ces politiques.
Thomas Ginsburger-Vogel, fils de Marie-Claude Vaillant-Couturier, elle-même déportée à Auschwitz et à Ravensbrück, et de Pierre Villon, un des fondateurs du Conseil national de la résistance, est professeur d’Université honoraire, président des « Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de Loire-Atlantique », membre des « Amis du Musée de la Résistance de Châteaubriant ». Il participe régulièrement au collectif Histoire du musée et à ses expositions temporaires.
jeudi 14 novembre 2019 à 18h00
A la Salle Jeanne d’Arc, 2 quai du Lénigo 44490 LE CROISIC
La libération de Martigné
Dans le cadre du 75e anniversaire de la Libération de l’Ille-et-Vilaine en 1944, le Rennais Etienne Maignen, passionné d’histoire, évoquera « L’étrange libération de Rennes du 1er au 4 août 1944 », titre de son livre paru aux éditions Ouest-France en 2017, et principalement : la bataille de Maison Blanche, le contournement de Rennes, la Résistance, le dernier train de Langeais, la destruction des ponts, le repli des Allemands…
Le Cercle d’histoire du pays martignolais consacrera un second volet à la libération de Vitré, La Guerche-de-Bretagne, Martigné-Ferchaud, Châteaubriant, le 4 août 1944, par le 2e régiment de cavalerie américain.
Cette conférence, appuyée d’un diaporama, aura lieu samedi 16 novembre 2019 à 14 h 30, salle Sévigné, boulevard Saint-Thomas (située derrière l’église) à Martigné-Ferchaud.
Le rapport Pilecki
Varsovie, le 19 septembre 1940 : un officier polonais se fait arrêter volontairement dans une rafle par l’armée allemande.
Son nom : Witold Pilecki, sa mission : être interné dans le camp d’Auschwitz pour y constituer un réseau de résistance.
Après presque mille jours passés dans l’antre du crime nazi, il est le premier homme à informer des conditions effroyables de détention à Auschwitz. Il s’évade au printemps 1943 pour raconter lui-même l’enfer.
« Que peut dire l’humanité aujourd’hui, cette humanité qui veut croire dans le progrès de la culture et mettre le XXe siècle au-dessus de tous les précédents ?
Pouvons-nous réellement, hommes du XXe siècle, nous présenter devant ceux qui ont vécu avant nous et, de façon absurde, dire que nous avons atteint un de-gré supérieur de culture ?… »
Le questionnement de Pilecki est celui-ci : « avons-nous abandonné notre condition humaine, nos valeurs humanistes… »
Le combat pour la liberté, l’égalité et la fraternité n’est pas un acquis des Lumières, mais bien plutôt est un combat quotidien contre nos Ténèbres.
Lire le livre : Le rapport Pilecki : Déporté volontaire à Auschwitz.