Ecrit le 23 novembre 2016
Le mot tête vient du latin testa (pot, partie la plus dure d’une coquille), employé de façon humoristique dans le langage populaire pour désigner la tête à la place du mot caput, qui a donné chiief puis chef, (cf couvre-chef). Certains termes d’argot employés pour désigner la tête semblent faire référence à cette étymologie : carafe, cafetière, carafon, fiole, d’autres pas : citron, citrouille, margoulette, tirelire, boule, ciboulot, caboche !
Quand le mot désigne une partie du corps, on peut hocher, lever, pencher, incliner, se cogner la tête, piquer une tête, donner de la tête contre, regarder quelqu’un de la tête aux pieds, on peut se parler ou déjeuner en tête à tête ; au sens figuré on marche la tête haute, on relève la tête, on courbe la tête, on se casse la tête contre les murs, on ne sait plus où donner de la tête, on a mal à la tête, on a la tête vide, on a une idée en tête, on se creuse, ou casse, la tête, on a des projets plein la tête, on agit sur un coup de tête, aujourd’ hui, on « se prend ( ou on ne se prend pas !) la tête » ! ; on a la tête qui tourne, on se jette à la tête de quelqu’un, on en a par-dessus la tête, on a les yeux qui sortent de la tête.
T’en fais une tête ! Tu fais la tête ? Quelle tête ! une vraie tête d’enterrement ! Elle est tête en l’air ! Il a une tête qui ne me revient pas ! Elle a ses têtes ! Quelle drôle de tête ! Tu te paies ma tête ? Il lui a mis la tête au carré ! Quelle tête à claques ! Il a vraiment la tête de l’emploi ! C’est une forte tête ! Il a perdu la tête ! Il est tombé sur la tête ! Il n’en fait qu’Ã sa tête ! « Ca va pas la tête ? ». Elle lui a complètement tourné la tête ! Il a la tête près du bonnet ! Mettez-vous ça bien dans la tête ! Il a encore (ou n’a plus) toute sa tête ! C’est une tête brûlée ! Il fonce tête baissée ! Il fait sa mauvaise tête ! C’est une grosse tête ! Un homme, une femme de tête ! Une tête !
Autrefois les Indiens étaient des « chasseurs de têtes », aujourd’hui un chasseur de têtes est au service d’une société de recrutement.
DEVINETTES : qu’est-ce qu’une tête de lecture ? D’où vient l’expression « tête de pioche » ? (1)
Elisabeth Blondel
Ecrit le 30 novembre 2016
Par métonymie, le mot tête peut désigner la première place : il- ou elle- est tête d’affiche, tête de liste, il- ou elle- est tête de classe, à la tête d’une entreprise, (familièrement, les principaux dirigeants sont appelés « les grosses têtes ») ; dans le domaine des transports une tête de ligne désigne le point de départ d’une ligne de chemin de fer, de métro, d’autobus etc. et une tête de pont, dans l’art militaire, signale le point de débarquement d’une armée sur un territoire.
Par analogie de forme ou de position, on parle de la tête d’un arbre, d’un épi, d’une montagne, d’une fleur, d’un mât, d’une vis et d’une épingle, entre autres ; en mécanique, le moteur comporte des têtes de bielle et des soupapes en tête ; dans le domaine de l’ameublement, une tête de lit apporte, selon les décorateurs d’intérieur, « confort et élégance » dans une chambre à coucher.
Dans le domaine de la reliure, la tête désigne la tranche supérieure du dos d’un livre, ainsi que le début d’une page laissé en blanc ; dans celui de la lutherie, c’est la partie supérieure où se fixent les cordes d’un violon, d’un violoncelle ou d’une guitare.
En sport, on « fait une tête » quand on envoie le ballon avec le front pour le passer à un partenaire ou pour marquer un but. Toujours dans ce domaine, quand une équipe en bat une autre d’une courte tête, c’est que la victoire ne tient qu’Ã ...un cheveu !
Beaucoup de nos têtes blondes ont entendu et entendent encore : « Quand te mettras-tu enfin du plomb dans la tête ? Quelle tête de linotte ! Quand on n’a pas de tête, il faut des jambes ! » Quant aux têtes couronnées sont-elles toutes des hommes ou des femmes de tête ?
Tête de mule, tête de cochon, tête de lard : ne pas confondre ces insultes avec la tête de veau ni avec le fromage de tête des restaurateurs !
Si l’expression tête de pipe désigna d’abord le fourneau d’une pipe sculptée en forme de tête d’homme, elle s’applique maintenant à une personne dans le registre familier : « ça fait combien par tête de pipe ? »
Enfin, l’expression tête de Turc, avant de désigner une personne en butte aux sarcasmes d’autrui, un souffre-douleur, était une sorte de dynamomètre surmonté d’une tête enturbannée qu’on voyait dans les fêtes foraines du XIXe siècle et sur lequel les joueurs tapaient pour mesurer leur force.
DEVINETTES : Qu’est-ce qu’une tête-de-coq ? Une tête(-)de(-)loup ? Une tête perdue ?
Elisabeth Blondel