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Ecrit le 16 juin 2021
La zootoponymie s’intéresse à la formation des noms de lieux à partir du nom d’un animal. Nous nous pencherons ici tout particulièrement sur les toponymes situés dans l’ouest de la France qui comportent des noms d’animaux autres que celui du loup, auquel nous avions précédemment consacré une chronique dans les colonnes de La Mée.
La Goupillère à Châteaubriant et La pièce à Goupil à Plessé font évidemment allusion au renard, surnom du goupil dans Le Roman de Renart devenu depuis un nom commun.
La Grenouillère est le nom d’un rond-point situé à l’une des sorties de Châteaubriant, où se trouvait un marécage.
Et le quartier des Cohardières qui était à l’origine un des terrains de chasse des seigneurs de Châteaubriant tient son nom du mot cohard (lièvre).
A Avessac, se trouve le Parc aux cerfs (parc devant être compris ici au sens de champ). A férel, se trouve La ville au Carou, du breton karv (cerf) ; à Blain, Le tertre à la biche ; à Masserac, Le saut du chevreuil qui désignait peut-être tout simplement un petit ruisseau pouvant être facilement enjambé par un chevreuil.
Les bêtes à plumes et à bec figurent elles aussi dans des noms de lieux, comme celui de Kerbiquette, à Vannes, qui n’a rien à voir avec une chèvre puisqu’il s’agit de pies ( Kêrbiged = village aux pies en breton).
A Plessé se trouve Le bois à la pie et au Dresny, Le Chat-huant qui est une francisation du gallo chohon, issu lui-même du gaulois cauanos (chouette) que l’on retrouve en breton : kohann/ kaouenn.
Escoublac signifie le lieu aux milans car dans les langues celtiques anciennes le mot scoubl désignait le milan. Non loin de là , à Guérande, se trouve Kescoul.
A Missillac, un lieu-dit porte le nom de Chat troussé et à Avessac un autre, celui de Chien hanné, image cocasse car en gallo le mot hann signifie... pantalon !
Les bovidés ne sont pas en reste : à Masserac, juste en face de La grée du veau, se trouve Penbu, toponyme breton semblable à la forme ancienne de Paimbœuf (Pennbu = tête de bœuf).
A Plessé, se trouve La fontaine aux veaux, à séverac, Le rocher à la vache et à Avessac, Le rocher du veau (peut-être confondu ici avec vaux, pluriel de val ?).
Les équidés sont également très présents dans les noms de lieux : à Guenrouë t, se trouve Penazin , anciennement Penazen. du breton penn (tête) et azen (âne). Et à Bouvron, Boudazin (probablement du breton bodazen, le buisson de l’âne).
Notons que Bouvron tient son nom d’un animal devenu rare dans le département, le castor, (en gaulois bebro), qui a donné son nom à un cours d’eau, la Bièvre, et à une commune, Bièvres, situés tous les deux dans le département des Yvelines.
Les insectes et les vers entrent aussi dans la formation de certains noms de lieux : à Guérande, le lieu-dit Merrionnec (lieu aux fourmis) et à Plessé, celui de Béguenette, probablement en rapport avec les lombrics (beghen en gallo).
Enfin, des animaux imaginaires tels les mitemes figurent dans des noms de lieux, en particulier dans le Morbihan : à Saint- Gildas-des-Bois se trouve La pièce de lamiteme et sur l’île de Mazin, le Pont de lamiteme. Ni humaines, ni animales, les mitemes sont des êtres mystérieux qui contrôlent le temps et les moissons.
Attention aux pièges tendus par des homophones : ainsi, l’élément bran que l’on rencontre en Bretagne dans de nombreux noms de lieux : Brangouin, Branru, Bran, est souvent compris comme venant du breton bran (corbeau) alors qu’il vient d’un homonyme signifiant colline.
DEVINETTE : d’où vient le nom de la forêt
de la Corbière située à l’est de Rennes ?
REPONSe à la DEVINETTE du dernier numéro : l’origine de l’expression être le dindon de la farce est controversée. La plus satisfaisante vient du fait que le dindon (le niais) qui est en butte à une farce, se fait « plumer » (duper, en argot) comme l’est le dindon avant d’être...farci.
Elisabeth Catala