Ecrit le 22 septembre 2021
Les mots qui commencent par la semi-consonne W, prononcée w comme dans ouate, tels entre autres vain, vaste, vacance et vanité, expriment l’idée de vide au propre et au figuré. La vanité caractérise ce qui est vain, illusoire, futile, insignifiant, inutile.
Dans le domaine de la peinture, une vanité est une représentation picturale allégorique de la mort et du temps qui passe, qui dénonce la vacuité des passions et activités humaines. Ces compositions s’apparentent à la Nature morte (en allemand Stillleben : vie silencieuse) qui est très ancienne (elle était en effet déjà présente dans des fresques de Pompéi où l’on a découvert une Nature morte aux pèches et une Nature morte aux œufs, qui datent du 1er siècle après J.C.).
La vanité se constitue comme genre pictural autonome au début du XVIIe siècle, à Leyde, en Hollande, dans une atmosphère religieuse et intellectuelle marquée par le calvinisme, pour se répandre ensuite dans toute l’Europe, particulièrement en Flandres puis en France chez Philippe de Champaigne (1602-1674) par exemple.
Très prisées à l’époque baroque, les vanités disparaissent au XVIIIe siècle puis apparaissent à nouveau, par exemple dans l’œuvre de cézanne et celle de Picasso. Notons qu’une des premières Vanité est celle de Dürer intitulée Saint-Jérôme dans sa cellule (1514).
Le nom de ce genre pictural provient d’une phrase de l’Ecclésiaste, livre de l’ancien Testament : « Vanité des vanités, tout est vanité ! ». En hébreu, le terme de vanité signifie littéralement souffle léger, vapeur éphémère : le message est clair, c’est une invitation à méditer sur la vanité de la vie humaine, et sur la futilité des plaisirs du monde face à la mort qui guette ( Memento mori : souviens-toi que tu vas mourir).
Parmi les objets symboliques représentés par le peintre dans une vanité, figurent couramment un crâne, un sablier, une bougie à la flamme vacillante, une clepsydre, une fleur fanée, autant de symboles qui rappellent le caractère éphémère de la vie. La présence de livres, de mappemondes, de compas et autres instruments scientifiques dénonce la vanité du savoir ; la représentation d’armes, de couronnes et de sceptres, celle du pouvoir. Enfin, la présence d’instruments de musique, de partitions, de pichets de vin, de verres à moitié vides et d’échiquiers, celle la futilité des plaisirs et des jeux.
La vanité des biens de ce monde peut aussi être symbolisée par des étoffes précieuses, des bijoux, des coquillages, des pièces de monnaie ou d’orfèvrerie et, curieusement, par une tulipe, symbole de richesse car elle fait référence à un événement historique qui, suite à un engouement pour les tulipes, a mené à une augmentation exceptionnelle du prix de ces fleurs et en conséquence à une « bulle spéculative » qui a éclaté au XVIIe siècle.
Le thème de la vanité, lié à celui de la fuite du temps et à la recommandation qu’il faut « cueillir » l’instant (Carpe diem), est présent de l’antiquité à nos jours dans bon nombre d’œuvres poétiques en particulier chez Virgile, Horace, Ronsard, La Fontaine, Baudelaire, Lamartine pour ne citer qu’eux.
Enfin, la vanité est un « vilain défaut » qui s’apparente à l’orgueil : « La plus petite des petitesses », selon Victor Hugo.
« La seconde planète était occupée par un vaniteux, peut-on lire dans Le Petit Prince de Saint Exupéry : Ah ! Ah ! Voilà la visite d’un admirateur ! S’écria de loin le vaniteux dès qu’il aperçut le petit prince. Car pour les vaniteux, les autres hommes sont des admirateurs ».
DEVINETTE : qu’est-ce qu’une clepsydre ?
REPONSe à la DEVINETTE du dernier numéro de LA MEE : dans la fable intitulée Le loup et l’agneau, l’agneau s’adresse au loup en le vouvoyant :
Sire, répond l’agneau, que Votre Majesté ne se mette pas en colère,
mais plutôt qu’elle considère
que je me vas désaltérant
dans le courant
plus de vingt pas au-dessous d’elle !
Elisabeth Catala