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Ecrit le 29 mai 2019
Mille bougies ont illuminé le château de Châteaubriant à l’occasion de la « Nuit des musées » le 18 mai 2019 de 22h à minuit, spectacle inoubliable qui a ébloui tous les visiteurs.
Le mot bougie vient de l’arabe bugaya, transcription du mot kabyle Bgayet, nom de la ville d’Algérie, actuellement Bejaia, d’où cette cire était importée.(1)
Trois mille ans avant J.-C., la bougie était déjà connue en Egypte : on a en effet découvert un chandelier dans la tombe de Toutankhamon. Plus près de nous, pour s’éclairer, les Grecs enflammaient du bois plongé dans de l’huile et de la graisse. De leur côté, les Romains enflammaient des feuilles de papyrus imbibées de cire d’abeille et les Chinois, des tubes de papier de riz remplis de cire végétale.
Au Moyen Âge, la bougie était constituée d’une mèche de chanvre ou d’étoupe tressée et enveloppée de suif ; elle était malodorante et graissait les doigts. La noblesse et le clergé préféraient s’éclairer avec des bougies en cire d’abeille !
Plus tard, la matière avec laquelle la bougie était fabriquée pouvait être du blanc de baleine, du suif purifié ou encore de la stéarine (« un acide gras saturé en C18 » abondant dans la graisse de certains ruminants).
Jusqu’Ã l’invention de l’électricité par Edison en 1879, les chimistes ont multiplié les inventions pour améliorer la technique de la fabrication des bougies : le mélange d’huile d’olive et de plomb qui a donné la glycérine à la fin du XVIIIe siècle, puis la découverte de la paraffine par l’industrie chimique au milieu du XIXe ont conduit à la naissance de la bougie actuelle. De nos jours, la stéarine d’origine animale est remplacée par celle qui est d’origine végétale : cire de soja ou de palme. Notons que Nantes est la capitale de la bougie : 80% de la production française y est fabriquée.
Autrefois les lampions des retraites aux flambeaux du 14 juillet étaient éclairés par des bougies ; ils sont maintenant électriques.
Actuellement, on se sert de bougies en cas de panne de courant ainsi que pour la décoration des sapins de Noë l et des gâteaux d’anniversaire. Une croyance populaire attribuait aux bougies d’anni-versaire le pouvoir magique d’exaucer les souhaits et d’éloigner les démons.
c’est une bougie allumée qui est utilisée aujourd’hui encore dans les ventes par adjudication pour déterminer la durée du temps consacré aux enchères.(2)
Sous le nom de cierge (du latin cereus= en cire), la bougie est également présente dans les cérémonies religieuses depuis Constantin (IVe siècle après J.-C.) ainsi que dans les chambres funéraires. Sa flamme symbolise l’élévation spirituelle.
Enfin, au temps de Louis XIV, l’opéra royal de Versailles était éclairé par 2000 bou-gies lors de chaque représentation. Le prix d’une bougie blanche représentait alors le salaire hebdomadaire d’un ouvrier !
Sur les moteurs à allumage commandé, la bougie est un dispositif électrique, qui provoque l’inflammation du mélange gazeux dans la chambre de combustion.
(1) La langue française a emprunté de nombreux mots à l’arabe, par exemple : abricot, alambic, alcool, algèbre, amiral, carafe, chiffre (rappelons que sifr signifie zéro en arabe), coton, épinard, girafe, jupe, moka, nabab, nénuphar, orange, raquette, sirop, sucre, zénith etc.
(2) Une adjudication de ce type a eu lieu à Châteaubriant le 20 Thermidor an IV (7 août 1796). elle s’est terminée au bout du cinquième feu.
DEVINETTE : qu’est-ce qu’une bobèche ?
REPONSe à la DEVINETTE du dernier numéro de La Mée : Perrault ne donne pas de prénom à la Belle au bois dormant qu’il nomme simplement « La Princesse ». Le prénom de sa fille, Aurore, lui sera attribué par Tchaïkovski ainsi que par Walt Disney.
Elisabeth Catala
Ecrit le 5 juin 2019
Ancêtre de la bougie, la chandelle était un petit bâton de suif, de cire ou de résine garni d’une mèche en chanvre ou en étoupe puis en coton à laquelle on mettait le feu.
Etymologiquement, le mot a pour radical cand qui a donné en latin le mot candere attesté seulement précédé du préfixe in : incendere (enflammer).
Sa famille comprend les mots incendie, incandescence ainsi que candeur (blancheur éclatante), candide (blanc brillant, puis -au figuré- d’une grande probité morale) , candidat (vêtu de la toge blanche de ceux qui briguaient une fonction publique dans la Rome antique), cicindèle (nom scientifique du ver luisant), encens (1), encenser, encensoir, candélabre (qui a éliminé chandelabre au Moyen Âge), chandelier (2)et Chandeleur (3 et 4).
Le mot chandelle figure dans de très nombreuses expressions, telles : faire des économies de bouts de chandelle ; en voir 36 chandelles ; brûler la chandelle par les deux bouts ; le jeu n’en vaut pas la chandelle ; devoir une fière, ou une belle, chandelle à quelqu’un ; tenir la chandelle (servir de tiers complaisant dans une aventure amoureuse ou éclairer une chambre : à l’époque où l’électricité n’existait pas, valets et soubrettes, le dos tourné, tenaient les chandelles pendant les ébats amoureux de leurs maîtres). A l’inverse, ne pas avoir tenu la chandelle signifie qu’on n’est pas au courant d’une situation.
Au sens figuré, dans le domaine de l’aviation, une chandelle, figure de voltige, est l’ascension rapide d’un avion qui s’élève à la verticale et dans celui du sport, c’est un coup qui consiste à envoyer la balle à la verticale, de sorte qu’elle échappe à l’adversaire.
Quand les enfants jouaient à la chandelle, ils se disposaient en cercle en chantant une chanson, l’un d’entre eux déposait un mouchoir derrière les pieds d’un des joueurs qu’on mettait tel une chandelle au centre du cercle, s’il ne s’était pas rendu compte assez tôt que le mouchoir était derrière lui. Et le jeu reprenait.
Enfin, la chandelle est une posture de yoga qui consiste à dresser les jambes à la verticale quand on est couché sur le dos, appuyé sur les épaules.
Francis Cabrel a donné le titre de Chandelle à l’une de ses chansons dont voici le premier couplet :
Elle, elle sort tout droit d’une aquarelle,
Avec ses dentelles d’autrefois,
Elle est belle comme un chemin de croix.
Elle, les enfants l’appellent Chandelle,
Parce qu’elle tremble à chaque pas,
Mais le prisonnier, c’est moi.
(1) L’encens est une résine qui dégage un parfum douceâtre quand il brûle. Son usage remonte au 4e millénaire avant J.-C ; il est toujours utilisé aujourd’hui au cours des cérémonies religieuses et dans les sanctuaires bouddhistes.
(2) Le Chandelier est le titre d’une pièce de Musset (1835) dans laquelle l’amant de la jeune et jolie Jacqueline suggère à cette dernière de choisir un « chandelier », c’est-Ã -dire un jeune homme de qui elle se fera aimer et qu’elle fera semblant d’aimer afin de détourner les soupçons du mari qui pèsent sur lui, son amant.
(3) La Chandeleur était la fête des chandelles, c’est-Ã -dire la fête de la purification de la Vierge et de la présentation de Jésus au temple, où les fidèles allaient en procession, un cierge à la main.
(4) « A la Chandeleur, dit le proverbe, l’hiver meurt ou prend vigueur ».
DEVINETTE : que représentent les sept branches du chandelier dans la religion juive ?
REPONSe à la DEVINETTE du dernier numéro de La Mée : une bobèche est une pièce cylindrique à rebords placée sur le chandelier pour retenir la cire fondue.
Elisabeth Catala