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Ecrit le 16 octobre 2019
La « Semaine bleue » dédiée aux personnes âgées s’est ouverte partout en France le 7 octobre. A Châteaubriant, elle a été ponctuée d’événements de toutes sortes qui ont permis de cultiver au mieux le lien intergénérationnel dans la bonne humeur.
Le mot vieux, qui s’oppose bien sûrà jeune, est présent dans de nombreuses locutions comparatives : être vieux comme Hérode, comme le monde, comme Mathusalem (1), de qui il est dit dans la Bible qu’il a vécu jusqu’à 969 ans !
d’un instituteur, d’un professeur, d’un savant qui ont occupé une fonction depuis un certain nombre d’années, on dira : c’est un vieil instituteur, un vieux professeur, un vieux savant, car ils renvoient l’image de quelqu’un d’expérimenté, de respectable.
Il peut renforcer un substantif contenant une dégradation physique ou mentale : un vieux crouton, un vieux schnoque, un vieux cochon, ou un substantif injurieux : une vieille canaille, une vieille peau, un vieux singe, un vieux cheval de retour, une vieille barbe, une vieille baderne (2).
Mais il peut aussi renforcer une interjection amicale sans lui donner de valeur dépréciative : « c’est un vieux copain ! », « Salut, vieille branche ! » ; dans ce contexte mélioratif on parlera du bon vieux temps, d’une vieille abbaye, d’un vieux parchemin, d’un vieux Saxe, d’un vin vieux et aussi par exemple d’un vieux souvenir, d’un vieux rêve, d’une vieille amitié.
Employé comme adverbe, on le trouve dans des expressions telles : il (ou-elle) fait vieux, il (ou elle) vivra vieux, il (ou elle) s’habille vieux.
A l’époque de l’écrivain autrichien Stefan Zweig(1881-1942) un jeune homme désireux de trouver un premier emploi devait « se vieillir » pour paraître sérieux : il achetait des lunettes, se faisait pousser la moustache, voire la barbe, ainsi qu’...une « petite bedaine » !
Le phénomène du « jeunisme », l’obsession de chercher à paraître plus jeune qu’on ne l’est en réalité, même à un âge avancé, ne s’étaient pas encore développés dans les sociétés occi-dentales. Depuis les années 60, les hommes et les femmes d’un âge mûr acceptent mal l’idée de vieillir, la plupart d’entre eux cultivent leur apparence physique par toutes sortes de moyens, vivement encouragés par les médias et la publicité.
Peu d’entre eux ont lu la page que Colette a écrite en 1908 dans Les vrilles de la vigne et qui contient une belle leçon de sagesse. En voici un extrait :
Il faut vieillir, ne pleure pas, ne joins pas des doigts suppliants, ne te révolte pas : il faut vieillir. répète-toi cette parole, non comme un cri de désespoir, mais comme le rappel d’un départ nécessaire. Regarde-toi, regarde tes paupières, tes lèvres, soulève sur tes tempes les boucles de tes cheveux : déjà tu commences à t’éloigner de la vie, ne l’oublie pas, il faut vieillir ! Eloigne-toi lentement, lentement, sans larmes, n’oublie rien ! Va-t’en parée, va-t’en douce et ne t’arrête pas le long de la route irrésistible, tu l’essaierais en vain- puisqu’il faut vieillir !
(1) Mathusalem était l’aïeul de Noë .
Un mathusalem est une bouteille contenant 6 litres de vin.
(2) Une baderne est une grosse tresse robuste qui protège les caisses durant le transport. Au figuré, le mot désigne un vieil homme borné.
DEVINETTE : d’où vient l’expression « les vieux de la vieille » ?
REPONSE aux DEVINETTES du dernier numéro de La Mée : l’arbre aux mille écus est le ginkgo biloba dont les feuilles jaunes d’or jonchent le sol en automne. (270 millions d’années avant notre ère).
A.R.B.R.E.S :Arbres Remarquables Bilan Recherche Etude Et Sauvegarde
(association créée en 1994).
Elisabeth Catala