Accueil > Châteaubriant > Défendons la langue française > NaIf, natif, nativité
Ecrit le 4 décembre 2019
l’adjectif natif est issu du latin nativus, dérivé du verbe nascor (naître), qui par voie populaire a donné aussi l’adjectif naïf. Suivi d’un complément de lieu, il signifie originaire de : il est natif de Châteaubriant, par exemple. Notons ici l’expression pléonastique, amusante mais vieillie aujourd’hui, « né natif » employée par Yves Cosson et qui avait été aussi relevée par George Sand en 1860 : « l’avoué nous donne des renseignements sur le pays dont il est né natif comme on dit chez nous ».
Depuis le XIIIe siècle, par adaptation de l’italien natio, natia (inné, naturel), on emploie cet adjectif pour qualifier une manière d’être, une faculté, un sentiment que l’on possède en naissant ; il est alors synonyme de l’adjectif inné qui est étymologiquement de la même famille : être d’une bonté, d’une générosité, d’une sensibilité, d’une cruauté native.
Dans le domaine de la minéralogie, natif signifie pur : ce minerai contient de l’or à l’état natif.
Employé comme substantif, il est le synonyme d’indigène (né dans le pays)(1) : « Des collègues m’avaient bien indiqué des adresses de natifs qui se feraient un plaisir de me montrer leur ville, mais il s’agissait exclusivement de docteurs, de professeurs, d’écrivains et je me méfiais », écrit Simone de Beauvoir dans Les mandarins en 1954.
Dans la famille du mot natif se trouvent naïf, nation et tous ses dérivés tels national, nationalité, international, multi-national, ainsi que nativité pour ne citer qu’eux. Notons enfin quelques-uns de ses nombreux synonymes : issu, originaire, autochtone, aborigène, inhérent, habitant et infus (2).
Dans l’usage ancien, Naïf, adjectif et substantif, avait une pluralité de sens que l’usage moderne a perdue : on qualifiait de naïf un drap dont la chaîne et la trame sont unies ou un diamant qu’on dirait brut aujourd’hui. Appliqué à un caractère humain, il signifiait authentique.
Dans le langage des beaux-arts, on l’employait avec le sens de qui imite, qui rend le naturel : c’est en ce sens que la peinture de peintres autodictactes dont le plus célèbre est le Douanier Rousseau est qualifiée de naïve.
c’est au XVIIe siècle que ce mot a acquis la nuance moderne et péjorative de trop ingénu, qui manque de perspicacité, ce qui le rapproche de niais.
Nativité a éclipsé l’ancien doublet naïté (lieu de naissance, origine et naissance). Ce mot a d’abord signifié production, récolte, valeurs propres à l’ancien fran-çais, puis il a pris rapidement le sens de jour de naissance.
En astrologie, le thème de nativité est synonyme de thème de naissance : « Ces faiseurs d’almanachs dressaient des thèmes de nativité, tiraient des horo-scopes et lisaient dans le ciel l’annonce des guerres », écrit Anatole France dans Jeanne d’Arc en 1908.
Enfin, la religion chrétienne désigne par le terme de Nativité le jour de la naissance du Christ : Noë l a en effet pour étymologie l’expression natalis dies.
(1). Le nom natif employé pour désigner une personne originaire d’un pays peu civilisé est un emprunt à l’anglais native, de même origine, qui signifiait « celui qui est né dans la servitude » (1450).
(2). Au figuré, infus qualifie quelque chose d’inné, que l’on possède naturellement : la pensée, la force, la simplicité peuvent être infuses ; dans le langage usuel, avoir la science infuse signifie qu’on possède un savoir sans avoir fait d’efforts pour l’acquérir.
DEVINETTE : que désignait au XVIIe siècle la bûche de Noë l ?
REPONSe à la DEVINETTE du dernier numéro : en anglo-américain le saloon, si présent dans les bandes dessinées et les westerns a d’abord désigné une vaste salle destinée aux bals et aux concerts.
Elisabeth Catala