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Ecrit le 7 octobre 2020
Le mot papier vient du mot latin papyrus, issu lui-même du grec papuros. Le papyrus pousse le long du Nil, c’est une plante dont on coupait la tige en bandes que l’on collait soigneusement les unes à côté des autres pour obtenir des feuilles sur lesquelles on pouvait écrire à la main.
Aujourd’hui, le papier est une matière à base de cellulose, faite de fibres végétales, naturelles ou transformées, réduites en une pâte que l’on étend et sèche pour former une feuille mince. Il était autrefois fabriqué dans des moulins à papier dont peu d’entre eux subsistent encore aujourd’hui, à part le Moulin à papier de Sainte-Suzanne en Mayenne, un des derniers à fabriquer du papier pur chiffon, celui de la Fontaine de Vaucluse où l’on fabrique du papier chiffon à la main et celui d’Ambert en Auvergne qui depuis 700 ans fabrique du papier où sont incluses de toutes petites fleurs séchées.
L’édition utilise des papiers ordinaires pour l’impression courante et des papiers de luxe, vélins, vergés (1) et bible pour les éditions soignées. Les périodiques et catalogues utilisent du papier ordinaire, blanc ou teinté, ou du papier couché pour des publications plus soignées. Le papier journal est de qualité médiocre, il jaunit vite à la lumière et se conserve mal. Pour les affiches, on utilise un papier qui contient un pourcentage élevé de vieux papiers.
L’histoire du papier est liée intimement à celle de la culture et de la science : pour communiquer des informations précises par écrit, on avait besoin d’un support léger, résistant et facilement transportable.
On attribue l’invention du papier à un Chinois, T’sai Lun, un dignitaire de la cour impériale chinoise, qui au IIe siècle après J.-C. a commencé à fabriquer du papier avec du tissu usé, des écorces d’arbres et des filets de pêche ; l’invention est arrivée au Japon au VIe siècle, puis dans le monde arabe au VIIIe siècle.
Le papier n’est arrivé en Europe qu’au XIe siècle ; ce sont les Italiens qui lui ont apporté d’importantes innovations tel le filigrane (2). La fabrication du papier a connu un véritable essor à la fin du XVe siècle avec l’invention de l’imprimerie à caractères mobiles puis s’est poursuivie dans le Nouveau Monde.
Le papier devient un moyen de communication de masse au XIXe siècle avec l’essor des journaux à grand tirage puis au XXe avec la diffusion des premiers « best-sellers ».
Un article rédigé pour un journal s’appelle un papier, tout comme un article destiné au monde audiovisuel.
Le papier a, selon sa texture et son usage, de multiples appellations : papier crépon, papier de soie, papier à cigarette (en particulier le papier maïs), papier de verre, papier buvard, papier d’emballage, papier gommé, papier timbré, papier hy-giénique, papier bulle, papier d’aluminium, papier carbone, papier à lettres, papier calque, papier à dessin.
Le mot entre aussi dans de nombreuses expressions ainsi que dans des mots composés : être dans les petits papiers de quelqu’un, faire ses papiers, avoir une mine de papier mâché ; un gratte-papier, un sans-papier, une serviette, une nappe, un sac, une cocotte en papier, une rame, une main de papier.
Le « jeu des petits papiers », ou « jeu du cadavre exquis », était très apprécié par les Surréalistes, tel prévert, et la technique des « papiers collés », a été mise à la mode par des peintres comme Picasso, Braque et Matisse.
(1) vergé : qui présente des vergeures (marque laissée par des fils de cuivre dans l’épaisseur du papier).
(2) filigrane : empreinte laissée également par des fils de cuivre, qui apparaît dans certains papiers à lettres quand on les examine par transparence.
DEVINETTE : qui a écrit la chanson intitulée Les p’tits papiers en 1968 ?
REPONSe à la DEVINETTE du dernier numéro : dans la région wallonne, un dagobert est un sandwich composé de crudités, de jambon, de fromage. Son nom vient du surnom donné à Dagwood, héros de la bande dessinée Blondie, qui était grand amateur de sandwich consistants.
Elisabeth Catala