Ecrit le 6 janvier 2021
Dès l’antiquité, le Nouvel an a été célébré par des rites de toutes sortes : à Rome, par exemple, un culte était rendu à Janus (1), dieu des portes et des commencements, accompagné de sacrifices d’animaux et d’ offrandes de fruits et de miel ; on ouvrait la porte des temples et on échangeait des voeux.
De nos jours, de nombreux poètes et écrivains ont salué l’arrivée de la nouvelle année, chacun avec ses mots, selon son caractère !
Ainsi, en 1901, Jules Renard répond à un ami qui lui présentait ses voeux « Merci, je tâcherai d’en faire quelque chose » .
Madame de sévigné écrit au comte de Bussy-Rabutin en 1687 « Que cette nouvelle année vous soit heureuse, que vos jours soient filés de soie ! »
Voltaire écrit : « Une bonne année répare les deux mauvaises ! ».
Alphonse Allais déclare, avec l’humour qui lui est propre : « Je ne prendrai pas de calendrier cette année car j’ai été très mécontent de celui de l’année dernière ! »
Herman Hesse prend la plume pour adresser à un jeune artiste, en guise de voeux, une invitation à philosopher : « La seule chose qui compte, c’est le fait que chacun de nous est le dépositaire d’un héritage et d’une mission ».
Victor Hugo écrit à un ami « Saluons ensemble cette nouvelle année qui vieillit notre amitié sans vieillir notre cœur ».
Charles Baudelaire écrit en 1869 dans le recueil intitulé Petits poèmes en prose :
« C’était l’explosion du nouvel an : chaos de boue et de neige, traversé de mille carrosses, étincelant de joujoux et de bonbons, grouillant de cupidités et de désespoirs, délire officiel d’une grande ville fait pour troubler le cerveau du solitaire le plus fort. Au milieu de ce tohu-bohu et de ce vacarme, un âne trottait vivement. Comme l’âne allait tourner l’angle d’un trottoir, un beau monsieur ganté, verni, emprisonné dans des habits tout neufs, s’inclina cérémonieusement devant l’humble bête, et lui dit, ôtant son chapeau : » Je vous la souhaite bonne et heureuse ! ".
Quant à Arthur Rimbaud, il dépeint ainsi le matin des étrennes :
" Ah ! Quel beau matin que ce matin des étrennes !
Chacun pendant la nuit avait rêvé des siennes
Dans quel songe étrange où l’on voyait joujoux,
Bonbons habillés d’or, étincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore .
On s’éveillait matin, on se levait joyeux,
La lèvre affriandée en se frottant les yeux
On allait, les cheveux emmêlés sur la tête,
Les yeux tout rayonnants comme aux grands jours de fêtes
Et les petits pieds nus effleurant le plancher
Aux portes des parents tout doucement toucher.
On entrait ! Puis alors les souhaits, en chemise
Les baisers répétés et la gaieté permise ! "
(1) Janus avait deux faces, l’une tournée vers l’avant, l’autre vers l’arrière. Le mois de janvier lui doit son nom (ianuarius en latin). c’est Jules césar qui, en 46 avant notre ère, a décidé que le Jour de l’an serait célébré le 1er janvier et non plus le 1er mars comme auparavant. Mais les mois ont gardé les appellations anciennes : (september, septième mois), octobre (october, huitième mois), novembre (november, neuvième mois) et décembre (december, dixième mois).
DEVINETTE : Quelle est l’origine du mot tohu-bohu ?
REPONSe à la DEVINETTE du dernier numéro de LA MEE : un flageolet est une petite flûte à bec en bois ou en métal percée de six trous.
Elisabeth Catala