Accueil > Châteaubriant > Défendons la langue française > Orange
Ecrit le 31 mars 2021
Le mot orange désigne un fruit, une couleur, une ville du sud de la France et une principauté. Il a été emprunté, par l’intermédiaire de l’italien arancio , à l’arabe naranga, lui-même issu du persan narang.
Fruit de l’oranger, qui fait partie de la famille des Rutacées, l’orange est, comme tous les agrumes, une forme particulière de baie à la peau rugueuse et épaisse parfois appelée hespéride (1) par métonymie.
L’oranger est originaire de Chine (c’est pourquoi en allemand une orange se dit Apfelsin, littéralement : pomme de Chine).
L’orange a pénétré en Europe en suivant deux grandes routes : la route méditerra-néenne empruntée à l’époque des croisades par l’orange amère, nommée aussi bigarade : transmis par les Perses aux Arabes, ce fruit fut implanté en Andalousie et en Sicile puis se diffusa vers le reste de l’Europe ; dans un second temps, ce sont les navigateurs portugais qui à la fin du XVe siècle découvrirent en Chine l’orange douce et la rapportèrent en Europe ; son succès finit par évincer l’orange amère. Pendant longtemps, ces fruits remontèrent le Rhône jusqu’Ã la ville d’Orange (Ouranjo en provençal).
Le comté d’Orange, situé dans la partie nord de l’actuel département du Vaucluse, aurait été fondé par Charlemagne. Ce comté, devenu principauté d’Orange au début du XIIe siècle, était un fief du Saint-Empire Romain germanique.
Guillaume de Nassau, prince d’Orange, connu sous le nom de Guillaume le Taciturne, a été le chef de la révolte des Pays-bas espagnols contre le roi d’Es-pagne Philippe II, fils de Charles Quint et il a mené les Pays-Bas à l’indépendance. Il est de ce fait surnommé « Le père de la Patrie » par les néerlandais. Sa devise , « Je maintiendrai » (en français), est depuis 1815 la devise des Pays-Bas. c’est également la devise de la ville d’Orange.
Jusqu’à la première moitié du XXe siècle, l’orange était un fruit de luxe, souvent offert aux enfants comme cadeau de Noë l (ou à la Saint-Nicolas en Belgique et aux Pays-Bas).
Un tableau de Renoir, Les acrobates (1869) a parfois été intitulé Les jongleuses car on croyait que c’était des balles que les deux jeunes filles tenaient dans leurs bras sur la piste du cirque ; or, ce n’était pas des balles mais bien des oranges : dont une, au sol, est encore emballée dans son papier de soie : que le public du cirque, enthousiasmé, avait lancées aux artistes au moment du salut final.
La culture des orangers en bac a longtemps été un symbole de prestige pour les rois, l’aristocratie et la haute bourgeoisie, qui lui dédiaient des bâti-ments spécialisés : les orangeries. Notons qu’Ã Paris, le musée de l’Orangerie n’a pas toujours présenté des œuvres d’art : construit en 1852, il a d’abord été destiné à abriter du froid de l’hiver les orangers décorant le jardin du Palais des Tuileries qui auparavant étaient rentrés sous la grande galerie du Louvre.
(1) Dans la mythologie grecque, Héra avait confié aux Hespérides (les nymphes du couchant) la garde de l’arbre qui portait des pommes d’or, cadeau qui lui avait été offert par Gaïa (la Terre) lors de son mariage avec Zeus. c’est avec une de ces pommes d’or que la déesse Discorde brouilla Aphrodite, Héra et Athéna qui aspiraient toutes les trois à l’empire de la beauté, d’où l’expression Une pomme de discorde.
Enfin, le onzième des Douze travaux d’Hercule consista à vaincre toutes sortes de difficultés pour rapporter trois pommes de cet arbre à Eurysthée, roi de l’argolide et commanditaire des Douze travaux d’Hercule, qui espérait bien qu’il n’y arriverait pas.
DEVINETTE : où se trouvent les colonnes d’Hercule ?
REPONSe à la DEVINETTE du DERNIER NUMERO : la particularité de la brioche vendéenne est d’être tressée.
Elisabeth Catala