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Ecrit le 20 avril 2021
Influence de l’environnement social sur la survie des patients atteints d’un cancer en France.
Les inégalités sociales de santé représentent un enjeu majeur de santé publique. Malgré un système de santé parmi les meilleurs au monde, notamment pour le traitement des cancers, les inégalités sociales de santé persistent en France. Le cancer, première cause de décès en France, est une pathologie particulièrement concernée par ces inégalités socio-économiques. En effet, la littérature nationale et internationale a mis en évidence, à travers de nombreuses études, d’importantes disparités sociales dans le recours au dépistage des cancers , l’incidence des cancers et également la mortalité par cancer .
Cependant, aucune étude n’avait encore analysé les inégalités sociales de survie sur un large échantillon de patients atteints d’un cancer en France.
Une étude a donc été menée à partir des données du Réseau français des registres des cancers (Francim). Environ 210 000 cas de cancers diagnostiqués entre 2006 et 2009, enregistrés dans 21 registres et suivis jusqu’au 30 juin 2013 ont été inclus.
l’analyse s’est intéressée à la survie nette (c’est-Ã -dire à la survie qui s’affranchit des autres causes possibles de décès).
résultats
La survie nette à 5"¯ans était moins bonne parmi les personnes habitant dans les zones les plus défavorisées, pour 14/16 tumeurs solides chez les hommes et 16/18 tumeurs solides chez les femmes, avec des écarts d’ampleur variable selon le cancer.
Chez les hommes, la survie nette à 5"¯ans était diminuée chez les plus défavorisés de 6,4 points pour le cancer colorectal, 3 points pour le cancer de la prostate et 2,9 points pour le cancer du poumon.
Chez les femmes, la survie nette à 5"¯ans était diminuée chez les plus défavorisées de 5,5 points pour le cancer colorectal, 5,1 points pour le cancer du sein et 3,6 points pour le cancer du poumon. Les résultats étaient plus nuancés pour les hémopathies malignes.
Les modélisations ont confirmé un effet significatif de l’environnement social sur la survie pour toutes les tumeurs solides (sauf sarcomes et thyroïde), et pour les lymphomes de Hodgkin, quatre lymphomes non hodgkiniens et les syndromes myéloprolifératifs chroniques.
L’excès de mortalité lié au cancer pouvait être jusqu’Ã deux fois supérieur chez les patients des zones les plus défavorisées par rapport aux patients des zones les moins défavorisées (ex"¯ : mélanome chez les hommes, leucémies lymphoïdes chroniques ou cancers des voies biliaires chez les femmes).
Cette étude a montré des relations étroites entre l’environnement social et la mortalité finale. Par exemple, dans le cas du cancer du sein, on sait que ce dernier survient majoritairement chez les femmes les plus favorisées, mais, finalement, il provoque une mortalité plus importante des femmes les plus défavorisées.
Cette étude est la première à dresser un tel constat pour les principaux cancers et à l’échelle de la France, à partir de données de registres exhaustives et certifiées de qualité. Dans le monde, plusieurs études ont montré que les patients les plus défavorisés atteints de cancer avaient des probabilités de survie généralement inférieures à celles des patients les plus favorisés : la réduction de survie chez les plus défavorisés par rapport aux plus favorisés pouvant aller jusqu’Ã 30-50%
d’une manière générale pour l’ensemble des cancers, les différences de stade au diagnostic, d’accès aux soins et de prise en charge médicale en fonction du niveau social sont probablement des éléments déterminants de la survie.
Conclusion
Cette étude révèle un gradient social de survie unidirectionnel pour la quasi-totalité des cancers en France, c’est à dire que la survie est systématiquement moins bonne pour les patients vivant dans un environnement plus défavorisé.
Cela montre qu’une attention particulière doit être apportée tout au long du suivi des patients les plus défavorisés, et ceci probablement de manière spécifique à chaque localisation cancéreuse. Objectif : mieux cibler les actions de santé publique visant à lutter contre les inégalités sociales de survie des patients atteints d’un cancer.
Source : BEH du 9 avril 2021