Ecrit le 3 juin 2004
La destruction de la sécurité Sociale
La sécurité Sociale, a été fondée en 1945 par le CNR (Conseil National de la Résistance), prenant la suite et généralisant les « assurances sociales » créées en 1936 sous le « Front Populaire ». Le but de la sécurité Sociale était, et est, de préserver de la misère et de la maladie les salariés de ce pays. Elle est aujourd’hui en danger de mort car, depuis des décennies, des dizaines de plans décidés par les gouvernements successifs ont mis volontairement en déficit notre protection sociale collective.
détournement de fonds
La Cour des Comptes a confirmé en 2003 que le gouvernement se livre à un véritable détournement de fonds de la sécurité Sociale. C’est ainsi que :
- 2,7 milliards d’euros au titre des taxes sur l’alcool,
- 8 milliards d’euros au titre du tabac,
- 3 milliards d’euros en provenance des taxes sur l’automobile,
pourtant prélevés n’ont pas été reversés à la sécurité Sociale.
De plus, de 1998 à 2002, les gouvernements ont exonéré le patronat de taxes importantes qui n’ont jamais été reversées, soit plus de 11 milliards d’euros volés à la sécurité Sociale. Si ces sommes avaient été données à la sécurité Sociale, le déficit serait moins important.
Ce même gouvernement à l’instar de tous les gouvernements précédents, prétend utiliser le déficit actuel pour favoriser les assurances privées au détriment de la sécurité Sociale : il entend transférer les prestations de l’Assurance maladie vers les complémentaires santé (mutuelles, assurances privées, institutions de prévoyance, banques).
Selon Jean de Kervasdoué (dans l’ouvrage Etat d’urgence, réformer ou abdiquer, cité par le magazine Challenges du 27 mai 2004) : " les comparaisons internationales montrent que :
plus la part du financement privé des dépenses de soins augmente,
plus le système est inefficace,
inéquitable et onéreux ".
Les frais d’administration et de gestion sont plus élevés dans les pays ayant fait le choix de la concurrence, que dans les autres : il faut bien engager des dépenses (commerciaux, publicistes, etc) pour recruter des assurés « piqués » aux entreprises d’assurance concurrentes !
Payer toujours plus
pour recevoir toujours moins
Depuis des décennies, les salariés de ce pays paient toujours plus pour se faire rembourser toujours moins. Le ticket modérateur ne cesse d’augmenter, des centaines de médicaments ne sont plus ou moins remboursés, le forfait hospitalier est une charge croissante pour les malades, la qualité des soins se dégrade de plus en plus, les services des hôpitaux ferment les uns après les autres. C’est cela le constat des politiques gouvernementales.
Aujourd’hui, un assuré social sur quatre renonce à se soigner, parce qu’il n’a pas les moyens de se payer une mutuelle. Et l’on nous parle de « transférer » les charges de la sécu vers les complémentaires santé ! Cela ne fera qu’aggraver encore cette situation.
Privatiser la sécu, c’est détruire
le droit aux soins de qualité,
c’est aggraver les conséquences de la maladie,
c’est aggraver la misère sociale.
Ensemble le 5 juin 2004
pour une sécu solidaire
Il y a urgence, en lien avec l’action résolue pour l’emploi et des conditions de travail satisfaisantes, à construire une véritable politique de santé qui privilégie la prévention et la promotion de la santé. TOUS LES SYNDICATS, et la MUTUALITE, appellent à défendre la sécurité Sociale.
Le système de sécurité sociale français est fondé sur la solidarité : chacun cotise selon ses moyens et chacun reçoit selon ses besoins de santé. Ce système a permis d’étendre la protection sociale à l’ensemble de la population. Il a fait progresser la santé, reculer la maladie et la mortalité. Il a permis l’allongement de la durée de vie.
Grâce à la solidarité,
5% des assurés sociaux touchés
par des maladies lourdes et invalidantes
bénéficient d’une couverture
représentant 50% des dépenses « assurance maladie ».
Mais, en France, de trop nombreuses inégalités de santé existent encore, le renoncement aux soins se développe, les conditions de travail ont des conséquences dramatiques sur la santé des salariés (amiante, cancers professionnels, stress, etc.)
Pour répondre à tous ces besoins, la question du niveau des richesses à consacrer à la santé est incontournable.
La CGT (dans un communiqué) propose « un financement juste, solidaire, favorable à l’emploi, en réformant les cotisations patronales pour qu’elles reposent sur l’intégralité des richesses créées dans les entreprises et en mettant à contribution leurs placements financiers ».
Les mesures proposées par le gouvernement ne répondent pas à ces préoccupations : elles sont inéquitables et injustes socialement. Car c’est une fois encore aux mêmes que les efforts sont demandés :
– aux assurés sociaux : 1 euro par consultation soit + 5%,
– aux retraités imposables : + 0,4% d’augmentation de la contribution à la CSG.
– Par contre, pour les entreprises, l’effort demandé n’est que de + 0,03% sur les cotisations de sécurité sociale des sociétés (CSSS).
Ces mesures s’attaquent aux bases de solidarité de notre système de sécu.
Abus de l’utilisation de la carte vitale, dit le ministre Douste-Blazy
FAUX ! D’après la sécu 1 cas sur 100 000 serait abusif.
Aujourd’hui on nous propose un forfait d’1 euro par consultation. Demain, combien ? Prenons l’exemple du forfait hospitalier dont une nouvelle augmentation est annoncée. C’est la porte ouverte au chacun pour soi en fonction de ses moyens financiers pour couvrir ses besoins de santé.
Ces mesures sont culpabilisantes.
Elles pointent du doigt les malades et en particulier les plus fragiles et les plus démunis.
Abus sur les arrêts de travail, dit le ministre Douste-Blazy
FAUX ! D’après la sécu seuls 6% des arrêts maladie
seraient abusifs.
Ecrit le 3 juin 2004 :
La sécu soigne l’industrie pharmaceutique
Mais pourquoi donc les Labos pharmaceutiques ont-ils entrepris une grande campagne de publicité ? (Ã quel prix !). Parce que, en réalité, la sécu soigne d’abord l’industrie pharmaceutique ! Philippe Pignarre (qui fut cadre chez Synthélabo, puis chez Sanofi) écrit dans son livre « Comment sauver (vraiment) la sécu » :
« La dépense en médicaments d’un Français est 2,9 fois supérieure à celle d’un néerlandais. Et les néerlandais ne sont pas moins bien soignés. Dans les années 1960, le prix des médicaments en France était beaucoup plus faible que dans les autres pays européens. Les laboratoires se sont alors battus sur la quantité, mettant une pression considérable sur les médecins. Depuis, les prix se sont alignés sur ceux des autres pays, mais nous continuons à consommer beaucoup » d’autant plus que la presse médicale, qui influence les médecins, ne vit que de la publicité des labos, elle ne va donc pas se risquer à critiquer un médicament !
Me-too : moi aussi
Philippe Pignarre critique aussi les « me-too », ces molécules, prétendument nouvelles, qui sortent, quel heureux hasard, dès qu’une autre molécule, fort semblable, perd son brevet. « Le ministère pourrait décider que chaque me-too coûte 30 % moins cher que le médicament d’origine. L’industrie pharmaceutique cesserait alors de fabriquer ces médicaments qui n’apportent rien et coûtent cher en marketing »
Un exemple : les deux anti-inflammatoires vedette, Vioxx et Celebrex, qui ne sont guère différents des autres, coûtent plus de 30 € la boite quand l’Advil et le Nureflex sont vendus dix fois moins cher. En 2003, selon la revue indépendante « Prescrire », sur 179 nouveaux médicaments, seuls 3 ont apporté une amélioration nette par rapport aux moyens thérapeutiques disponibles. L’amélioration, en revanche, a concerné la rentabilité des labos pharmaceutiques qui tourne autour de 20 %.
A Nantes le 5 juin 2004
La sécu : un véritable défi, un véritable enjeu de société
– Pour améliorer la prise en charge sécu,
– Pour le respect des valeurs de solidarité,
– Pour une véritable politique de santé publique et l’amélioration de l’hôpital public,
– Pour un financement juste, solidaire, favorable à l’emploi,
– Pour rendre aux salariés la maîtrise de leur sécurité sociale par l’élection de leurs administrateurs
une manifestation nationale est organisée le samedi 5 juin, partout en France, à l’appel de tous les syndicats et de la mutualité
Pour la manifestation de Nantes (samedi 5 juin 14h30 place Bretagne), la CGT de Châteaubriant organise un départ en car, départ à 13 h de la place des Terrasses s’inscrire au 02 40 81 04 82.
Ecrit le 3 juin 2004 : la position de la Mutualité :
ASSURANCE MALADIE :
« Il n’est pas trop tard pour peser sur les décisions du gouvernement »
LA MUTUALITE FRANCAISE - LOIRE ATLANTIQUE vous invite au débat
Depuis l’intervention du Ministre de la Santé Philippe Douste Blazy à l’émission 100 minutes pour convaincre, sur France 2, le 17 mai dernier, on commence à mieux voir les contours de ce que pourrait être le « plan de sauvetage de l’assurance maladie » : trois grands axes en matière de gouvernance, d’organisation des soins et de mesures financières.
Mais ce qui frappe le plus
ce sont les mesures financières pour « boucher le trou de la sécu »,
au détriment de l’amélioration
de la qualité des soins
et de la régulation des dépenses de santé.
La Mutualité Française ne peut être d’accord
– avec une réforme qui n’est pas à la hauteur des enjeux et des problèmes de notre système de santé,
– avec des mesures qui sont insuffisantes pour assurer une maîtrise des dépenses sur le long terme.
« Nous ne pouvons pas accepter d’entrer dans l’engrenage d’un système de franchise qui ouvre la porte à tous les excès. Aujourd’hui ce sont les consultations, demain ce seront les autres prestations et rien ne prouve que cette franchise ne suivra pas l’exemple du forfait hospitalier qui n’a cessé d’augmenter depuis sa création »
La Mutualité Française Loire-Atlantique, a entrepris ces dernières semaines une vaste campagne d’information sur les problèmes de notre système de santé et les mesures qu’elle propose pour le rénover.
Elle organise à ce sujet une réunion publique, ouverte à tous, le jeudi 10 juin 2004 à 20 h 00 à la Salle de la Carrière à St-Herblain.
Ecrit le 3 juin 2004 :
Le système est fou, est-il le seul ?
Dans un communiqué du 9 mai 2004, le MRC (mouvement républicain et citoyen) se déclare hostile au principe d’une franchise de remboursement de soins qui prendrait la forme d’un seuil de l’ordre de 200 euros en deçà duquel les assurés ne pourraient prétendre à une prise en charge de leurs frais médicaux par l’assurance-maladie de base, projet dont les rumeurs vont en s’amplifiant et qui aurait les faveurs de M. Raffarin.
L’assurance-maladie est déjà inégalitaire car dégressive en termes d’accès aux soins (inégalité de l’information, honoraires libres des spécialistes), de financement (déductibilité de la CSG) et de résultats en termes de santé (différences d’espérance de vie suivant les catégories socio-professionnelles). Faut-il lui ajouter une injustice sociale supplémentaire, qui ferait sortir du droit à remboursement près de 30 % des Français, et serait médicalement aberrante, puisqu’elle agirait comme un formidable désintégrateur de la médecine de ville, qui échapperait encore plus à toute cohérence de santé publique. En fait, une telle opération aboutirait à casser l’assurance-maladie solidaire ; un seul pays pratique ce type de mesure : Singapour ! Est-ce là le « modèle social européen » ?
« Le système est fou », dit Philippe Douste-Blazy ; est-il le seul ? Voilà qui rappelle le classique « c’est la faute à l’ordinateur » de tous les incompétents.
Ecrit le 7 mars 2007
Ostéoporose : le dépistage mensonge
Courrier d’une lectrice : « L’autre jour, à la radio, j’ai entendu dire que le dépistage de l’ostéoporose est enfin remboursé. Eh bien ce n’est pas vrai. Moi je ne l’ai pas été ».
En effet, il n’est remboursé que pour prévenir l’ostéoporose chez les personnes à risque (femmes trop maigres, antécédent de fracture, ménopause précoce)
mais il n’est pas question de dépistage systématique.
Pourtant 30 % des femmes ménopausées souffrent d’ostéoporose !
Note du 18 décembre 2007
Selon Que Choisir dépistage
Ostéoporose : Les exclus du dépistage
Selon une étude, de très nombreux patients sont exclus du remboursement de l’examen radiologique de l’ostéoporose en raison de critères trop restrictifs.
Les pouvoirs publics ont décidé de faciliter le dépistage de l’ostéoporose pour lutter contre cette pathologie, qui touche notamment les femmes ménopausées et provoque plus de 200 000 fractures de col du fémur ou de vertèbre par an. L’examen radiologique mesurant la densité osseuse coûte 39,96 euros. Il est remboursé si l’on répond à des critères définis, c’est-Ã -dire en cas de signes radiographiques d’ostéoporose, d’antécédent de fracture sans traumatisme majeur, de pathologie ou de traitement susceptible de provoquer une ostéoporose. Pour les femmes ménopausées, le remboursement est accordé en cas de fracture, d’antécédents familiaux de fracture de la hanche, de prise de corticoïdes, de ménopause avant l’âge de 40 ans, de faible indice de masse corporelle et de troubles endocriniens.
Or, une récente étude montre que des patients pour lesquels l’examen est justifié sont exclus du remboursement. Elle a porté sur 471 patients (87 % de femmes). Si 413 ont eu droit au remboursement, 58 autres ne remplissaient aucun des critères pour l’obtenir. Le dépistage était pourtant tout à fait indiqué pour eux. En effet, 57 % affichaient une densité osseuse anormale : 17 % avaient une ostéoporose et 40 % présentaient une raréfaction osseuse (ostéopénie). Si ces résultats se confirment à grande échelle, il faudra envisager de réévaluer les critères de remboursement de l’examen. On voit mal comment la sécurité sociale pourrait justifier d’en priver des milliers de personnes, avec le risque que beaucoup renoncent au dépistage.