Ecrit le 6 juillet 2016
Deux euros, vingt zeuros ?
Il est très fréquent aujourd’hui de faire suivre quatre, cinq, sept, huit, neuf, vingt et cent d’une liaison fautive - appelée un « pataquès » et plus précisément un « velours »- quand ces chiffres précèdent le mot euro, par analogie probablement avec celle qui est correcte quand il s’agit de deux euros, trois euros, six euros : « Je l’ai payé 4, 5, 7, 8, 9, 20, 100 » zeuros « , tu te rends compte ? », ou « ça vous fait trente-huit » zeuros « , madame ! ». On entend aussi « trente, quarante, cinquante, soixante » zeuros« , plus rarement un » zeuro « ou mille » zeuros " ! En réalité, la prononciation dépend du son de la lettre finale et on doit dire : un neuro, quatr’euros, cinq’euros, sept’euros, huit’euros, neuf’euros, vingt’euros, cent’euros et mill’euros.
Il est facile de se rappeler qu’on souhaite les vingt ans, les cent ans et non les vingt « zans » ou les cent « zans » d’une personne et qu’on célèbre les quatre-vingts ans ou les deux cents ans d’un événement : cela s’entend à l’oreille.
A RETENIR : VINGT et CENT prennent un S quand ils sont précédés d’un autre chiffre : quatre-vingts ou trois-cents (4x 20 et 3x100), mais le perdent s’ils sont suivis d’un autre : vingt-trois, cent-trois.
CENT prend un S quand il est un nom commun : des mille et des cents ; l’été dernier à Las Vegas, on n’a dépensé que quelques cents.
Exception : « la page quatre-vingt »ou « la page trois cent » d’un livre s’écrivent sans S ! (valeur ordinale).
RAPPEL : le mot MILLE est invariable : trois-mille-neuf-cent-douze, deux-millions-neuf-cent-quatre-vingt-dix-huit-mille-trois-cent-cinq. (Depuis 1990, on peut mettre des traits d’union entre tous les numéraux composés alors qu’on n’en mettait auparavant qu’entre les nombres inférieurs à cent). Mais quand MILLE désigne une ancienne mesure de longueur, il prend un S au pluriel : nous avons parcouru plus de mille milles.
CASSE-TETE
Dans la formule étrange mais très souvent employée « Dimanche, on lui fêtera ses un an ! » laisse-t-on le mot an au singulier ou le met-on au pluriel en écrivant : ses un ans ?
Pour éviter ce dilemme orthographique, disons plutôt : « Dimanche on lui fêtera son premier anniversaire », ou : « Il soufflera sa première bougie ! ».
Signé : Elisabeth Blondel
Ecrit le 13 juillet 2016
L’emploi des majuscules
On met une majuscule :
- Au premier mot de toute phrase, de tout vers, de tout discours direct, de toute phrase citée.
- Après les ?, ! et ...quand ils terminent une phrase.
- Aux noms propres : Jean, la Belgique, la Loire, Chateaubriand, Châteaubriant.
- Aux noms propres de peuples, de familles, de dynasties : les Français, les Dupont, les Bourbons (mais ces noms pris adjectivement prennent la minuscule : l’Académie française, le drapeau anglais, le chocolat suisse, les frites françaises).
- Aux noms de fêtes : Noë l, la Toussaint.
Remarque : le nom des jours, des mois s’écrit avec une minuscule : le dernier samedi de juin ; et un nom propre devenu nom commun, aussi : une grande poubelle, un bel apollon. - Aux noms propres de sociétés politiques, savantes ou religieuses : la Chambre des députés, l’Etat, l’Eglise, la Faculté de médecine.
- Au nom des points cardinaux quand ils sont employés pour désigner une région : les peuples du Nord ; ils habitent dans le Midi.
Remarque : on emploie la minuscule pour désigner les points cardinaux : Dans le Nord, il arrive que le vent souffle du sud. Notons aussi qu’on peut vivre dans l’Ouest sans être à l’ouest et dans le Nord sans perdre le nord !
- Aux noms propres de rues, de monuments : la rue du Bac, le Panthéon, la Tour Eiffel.
- Aux titres d’ouvrages, de tableaux, d’œuvres d’art : Les Misérables, la Joconde, la vénus de Milo.
- Aux titres honorifiques : Monsieur le préfet, mais on s’écarte parfois de cet usage : monsieur le proviseur, le président de la République (mais : le président).
L’adjectif prend la majuscule :
*- quand il fait corps avec le nom : les Etats-Unis, la Comédie-Française, rue Saint-Paul (mais on écrira : le supplice de saint Pierre).
- et quand il accompagne un terme géographique : le golfe Persique, le mont Blanc.
Elisabeth Blondel
Ecrit le 10 août 2016
Les mots-valises
Des mots-valises pour les vacances, c’est normal !
Un « mot-valise » ? C’est un néologisme formé par la fusion entre deux mots existant séparément mais qui ne sont plus identifiables en tant que tels. Les plus connus ne datent pas d’hier : 1946 motel (motor+hôtel), 1949 novlangue (nouveau+langue), mot inventé par George Orwell dans son livre 1984, 1959 franglais (français+anglais) inventé par Etiemble, 1976 train corail (confort +rail), 1962 informatique, création française ! (information+automatique, 1980 minitel (terminal+téléphone et non mini-téléphone), 1988 adulescent (adulte+adolescent), 1990 courriel (courrier+électro-nique),1996 alicament (aliment+médicament), plus récemment, dans le domaine de la publicité : craquotte (craquant+biscotte), pokemon (pocket+monster) et enfin, en 2016, BREXIT (Britain+ exit, du latin exit : il- ou elle- sort qui signifie « sortie » ).
C’est Lewis Carroll, l’auteur d’Alice au pays des merveilles qui, avec son goût pour le « nonsense », a ouvert la voie à cette liberté d’expression burlesque ; depuis, poètes et écrivains s’en sont donné à cœur joie : Boris Vian invente le pianocktail, objet qui unit deux plaisirs sensuels : le gustatif et l’auditif en mêlant l’ivresse de l’alcool à celle de la musique de jazz, Francis Ponge écrit des proêmes qui mêlent la prose à la poésie, Jacques Roubaud écrit Les sardinosaures et Christian Moncelet édite un précis d’orthogaffes.
A vous de jouer : qu’est-ce qu’un cochon préhistorique ? un merveilleux gros animal d’Afrique ? Un bel oiseau migrateur ? des muscles sur lesquels se développent des points noirs ?
réponses dans le prochain numéro de La Mée le 31 août.
Elisabeth Blondel