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Ecrit le 22 février 2017
La lettre H
Huitième lettre et sixième consonne de l’alphabet, la lettre H est mal nommée : elle ne « sonne » pas ! On la dit muette quand elle ne se prononce pas, comme dans horizon, huis*, homme, ; on la dit aspirée (bien qu’il n’y ait pas d’aspiration à proprement parler dans la langue française) quand elle empêche de lier la dernière lettre d’un mot qui la précède avec la voyelle qui la suit : ainsi, on dit la hauteur et non l’hauteur, le hublot et non l’hublot par exemple.
Curieusement, si on dit le héros, trois héros, on dit l’ héroïne et trois (z)héroïnes.
Dans la plupart des cas cette lettre qui ne se prononce pas sert tout simplement à rappeler son étymologie (honneur vient du latin honor, homme, de homo, habile de habilis, harmonie du nom d’une déesse grecque : Harmonia).
Lorsqu’elle est à l’intérieur d’un mot, elle n’a aucune valeur propre : dans cohabiter, cohorte, où elle est placée entre deux voyelles, elle ne modifie pas la prononciation ; sa présence ne se justifie là encore que parce qu’elle se trouvait dans les mots latins dont les mots français sont dérivés.
Elle joue le rôle d’une** h « aspirée » dans le mot s’enhardir, et celui d’un tréma dans le mot trahison.
Quand elle est précédée d’un r ou d’un t comme dans rhinite, rhinocéros, rhododendron, théâtre, gothique, Athènes, cela signifie que le mot est d’origine étrangère, le plus souvent grecque (rh représente la lettre rau et
th, la lettre thêta.
Quand elle est précédée d’un c, les deux lettres réunies se prononcent CH ou K : chat, chute, vache, cloche ; archange, chiromancie ; cependant, si l’usage a excepté de cette règle quelques mots comme Michel, chirurgien, chimie, on prononce Mikel- Ange le nom de Michel-Ange.
Enfin, quand l’h se trouve après un p dans les mots dérivés du grec ou de l’hébreu, la réunion de ces deux lettres se prononce f : pharmacie, philosophie, sphinx, Joseph, séraphin.
*Comment ne pas citer ici le premier quatrain des Saltimbanques, poème écrit par Apollinaire :
Dans la plaine les baladins
S’éloignent au long des jardins
Devant l’huis des auberges grises,
Par les villages sans églises.
** L’Académie française donne à la lettre H , comme à F, L, M, N, R, S le genre féminin, mais dans l’usage courant le masculin s’est généralisé.
DEVINETTE : De quelle molécule la lettre H est-elle le symbole ?
réponse dans le prochain numéro de La Mée.
REPONSE A LA DEVINETTE de la semaine dernière : Jean-Paul Sartre est l’auteur de
La P. Respectueuse (pièce de théâtre en un acte et deux tableaux ; première représentation à Paris en 1948 au théâtre Antoine).
Elisabeth Blondel
Ecrit le 1er mars 2017
La lettre S
Dix-neuvième lettre de l’alphabet, et quinzième des consonnes, la lettre S a un son naturellement « dur ». Cependant, entre deux voyelles le son s’adoucit à Z : rose, chrysanthème, grise, oiseau, chaise, hasard etc. sauf si le mot comporte un préfixe : asocial, antisocial, antisémite, antiseptique, transitif se prononcent z. Et, bien qu’il soit situé entre deux voyelles, on prononce vraisemblable et non vrai(z)emblable, asymétrique et non a(z)ymétrique.
Jusqu’au XIXe siècle, la lettre S s’écrivait différemment selon qu’elle était placée à la fin d’un mot ou non. Ainsi, saucissons pouvait s’écrire faucisfons ou fauciffons*. De même, on trouve deux graphies de la lettre S (sigma) dans la langue grecque selon qu’elle est placée au début, au milieu ou à la fin d’un mot.
Quand deux S se suivent, ils font prendre à l’ e non accentué qui les précède le son é (essai, essence, dessin) ou le son è (dessiller),sauf dans les mots dessous et dessus et dans ceux qui commencent par re (resserrer, ressort, resservir).
Utilisée comme la marque du pluriel ou non, on ne la prononce que s’il y a lieu de faire une liaison : « Vous (z)êtes venus hier » ou pour des raisons euphoniques, en particulier à l’impératif des verbes en er lorsqu’il est suivi de y ou de en : « vas-(z)y, penses-(z)y , manges-(z)en une part ».
Quand elle est située à la fin d’un mot on la prononce dans : tous, bus, humérus, cubitus, blocus, minus, hélas, atlas etc. mais pas dans abus, intrus , obtus, venus, déçus etc.
Actuellement, dans le langage argotique des jeunes, l’s final se prononce aussi dans les mots « gravos », « bolos »**.
DEVINETTE : qui a écrit « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » ?
REPONSE dans le prochain numéro de La Mée.
REPONSe à la DEVINETTE de la semaine dernière : H est le symbole de l’hydrogène.
* ce « f » prononcé s correspond à une graphie ancienne que ne connaît pas le clavier actuel.
** en « verlan » bolos signifie...lobo(tomisé), injure qui s’adresse par dérision aux « intellos ».
Elisabeth Blondel