Ecrit le 14 juin 2017
Cette expression désuète est à rapprocher du travail du forgeron qui bat le fer quand il est chaud ! Battre froid signifie donc manifester de la réserve , voire de l’hostilité envers quelqu’un.
Tenir le haut du pavé : du temps où les rues n’étaient pas bordées de trottoirs, elles avaient une forme en creux ; le milieu de la rue servant de passage aux eaux de pluie ainsi qu’aux eaux usées, les passants préféraient marcher le long des façades des maisons pour ne pas mettre les pieds dans ce cloaque. Quand des gens du peuple croisaient des notables, ils devaient se décaler vers le centre pour laisser à ces derniers« le haut du pavé », c’est pourquoi on disait alors des personnes qui avait une position sociale élevée qu’elles tenaient le haut du pavé.
Tenir la dragée haute : cette expression date du XVIIIe siècle, elle signifie faire sentir son pouvoir à quelqu’un en ne lui donnant qu’une petite quantité de ce qu’il attend. Deux écoles s’affrontent sur son origine : elle viendrait soit d’un jeu d’enfant consistant à accrocher une friandise au bout d’un fil qu’on tire vers le haut pour empêcher le joueur de l’attraper, soit d’un stratagème destiné à calmer la gloutonnerie des chevaux : on accrochait haut dans le râtelier une « dragie » (mot déformé ensuite en dragée) c’est -Ã -dire une délicieuse botte de foin composée d’un mélange de sarrasin et de froment qu’on ne leur distribuait qu’avec parcimonie.
Se faire du mouron:en argot, le mouron désigne la chevelure, il est alors facile de comprendre que se faire des cheveux (blancs) signifie se faire du souci.
Se faire un sang d’encre : du temps où, pour soigner les malades, on pratiquait des saignées, on disait qu’une grande inquiétude provoquait un excès de sang qui était d’une couleur plus foncée que la normale.
Se porter comme un charme : le charme ici ne désigne pas l’arbre qui forme les charmilles ; ce mot fait partie du domaine de la magie, il est synonyme d’enchantement. Lorsqu’on dit que quelqu’un se porte comme un charme, cela signifie donc qu’il se porte bien et cela sous-entend que cela tient du miracle.
DEVINETTE : d’où vient l’expression à tire-larigot ?
REPONSe à la devinette de la semaine dernière : blanchiment désigne l’action de blanchir ou de décolorer pour rendre blanc ainsi que le résultat obtenu (blanchiment des dents ou blanchiment d’un linge avec de l’eau de Javel par exemple) et, au figuré, blanchiment d’argent sale.
Blanchissement est le fait de blanchir ( blanchissement naturel des cheveux par exemple).
Elisabeth Catala Blondel
Le 21 juin 2017
Prendre ses jambes à son cou
De nombreuses expressions peu ou presque plus utilisées dans la langue de tous les jours comportent le mot jambe.
Et quelques-unes ont changé de sens avec le temps :
Ainsi prendre ses jambes à son cou, qui indique actuellement une fuite rapide, signifiait au début du XVIIe siècle, époque où est née cette expression, avoir envie de partir en voyage (on disait alors partir avec ses jambes sur son col).
L’expression est synonyme de s’enfuir à toutes jambes.
Ca lui fera une belle jambe : autrefois on disait : ça ne lui fera pas la jambe plus belle, ou ça ne lui rendra pas la jambe bien faite. Vers 1830, l’expression est devenue : faire bien la jambe puis faire une belle jambe. La belle jambe représentait alors la prétention masculine (pensons aux mollets de coq sachant que le coq symbolise l’orgueil).
Aujourd’hui l’expression signifie cela ne lui sera utile en rien .
Quand on tire la jambe- ou plus familièrement la patte- on va de l’avant avec difficultés. Quand on a des fourmis (on disait autrefois des impatiences ) dans les jambes, on souffre de « picotements » qui s’accompagnent d’un désir de partir (expression à rapprocher de « ça me démange... »).
Quand on a les jambes en coton, matière molle entre toutes, on n’a plus de forces, on a les jambes coupées !
On tire dans les jambes de quelqu’un quand on cherche à contrecarrer ses projets et lorsqu’on est dans les jambes de quelqu’un, on l’embarrasse, on le gêne dans ses mouvements. On est honteux quand on part, à l’image d’un chien penaud la queue entre les jambes. Et tous les étourdis ont entendu mille fois l’expression quand on n’a pas de tête, il faut des jambes ! Et les désinvoltes se font reprocher de tout faire par-dessus ou par- dessous la jambe.
Enfin, naguère, on comparaît un remède inefficace à un cautère sur une jambe de bois. Le mot cautère est issu du grec cauterion, qui appartient à la famille du verbe caien (brûler) et désignait un instrument servant à soigner une plaie en la ...cautérisant
DEVINETTE : qu’est-ce qu’une jambe de maille ? qu’est-ce qu’une jambe de force ?
REPONSe à la DEVINETTE de la semaine dernière :
à tire-larigot signifie en grande quantité, voire excessivement ; tirer signifie sortir un contenu de son contenant ; à tire veut dire d’un seul coup et un larigot est une petite flûte. L’origine de l’expression est à vrai dire controversée. Peut-être un amalgame avec flûter pour le bourgeois qui signifiait boire comme un trou ?
Elisabeth Blondel
Les jambes de bois
Quand on perd une jambe à la guerre
On en met une autre en bois
Car il paraît qu’on a beau faire
Les jambes ne repoussent pas.
Mais peut-on me dire pourquoi
Il ne pousse pas de feuilles sur les jambes de bois ?
Des feuilles toutes vertes
Avec des tas d’insectes
Des feuilles toutes belles
où les papillons viendraient réparer leurs ailes
Le soleil voudrait se mettre de la partie
Il pourrait y grimper des fruits,
Et ça serait tout de même chic
d’avoir sur soi des poires
qu’on prendrait sans histoires
Des pommes et des prunes et des petits pois chiches !
Si tous les hommes avaient une jambe de bois
qu’on arroserait bien les jours qu’il ne pleut pas,
Ca f’rait une forêt qui n’en finirait pas.
René de Obaldia 1969